C’est une agression particulièrement violente qui a été commise ce mercredi contre le bus scolaire n°61 du réseau Halo de la société Matis. Alors qu’il ramenait des lycéens de Dzoumogne à Kawéni entre 13h et 13h30, une décharge d’une rare violence s’est abattue contre le véhicule, brisant son pare-brise et ses vitre à coup de pierres, de grosses pierres, à tel point que le conducteur a perdu le contrôle du véhicule. Visé, comme on le voit sur la photo, il a été blessé à la main. Cinq élèves ont été pris en charge.
Voyant cela, un bus scolaire qui arrivait sur les lieux a aussitôt fait marche arrière vers Koungou.
Nous avons recueilli le témoignage d’une personne qui se trouvait à l’intérieur. « Dans le bus, la trentaine d’élèves de Dzoumogne étaient agités. Alors que le bus roulait, des pierres ont été envoyées dans sa direction au niveau de la prison, dont une a atteint le pare-brise, et sous le choc, le chauffeur a perdu le contrôle du véhicule. A l’intérieur, les élèves étaient très agités depuis le départ. Lorsque le bus a été stoppé, les agresseurs, tous cagoulés, sont montés à bord pour les racketter, prendre leurs téléphones portables, et tout ce qu’ils pouvaient. Le chauffeur est parvenu à se sauver. Le bus a été saccagé. » C’est un miracle qu’il n’ait pas percuté d’autres véhicules sur la route étant donné le trafic à cette heure là. Lorsque nous arrivons sur place, l’agression vient de se produire, avec ses très nombreux impacts, le bus semble tout droit sorti d’une zone de guerre.
Les pompiers amputés de leur matériel de secours
Selon notre témoin, il s’agit d’un nouveau règlement de compte entre bandes de jeunes, « je soupçonne que des élèves de Majikavo, scolarisé à Bamana, aient séché les cours pour monter une embuscade à hauteur de la prison. » Une hypothèse que devra confirmer l’enquête.
Arrivé sur place, les pompiers ont pris en charge les blessés. Patrick Caron, Chef d’Etat major au SDIS, que nous avons contacté au téléphone, témoigne : « Grâce à la réactivité des gendarmes, nous avons pu intervenir en étant protégés. Nous avons pris en charge le chauffeur du bus, un homme de 35 ans qui présente des blessures aux mains et aux bras, et 4 jeunes blessés par arme blanche et par des jets de pierre. Egalement un jeune de 12 ans qui était en état de choc. » Si cette fois leurs 3 ambulances en intervention ont été préservées, l’officier tient à souligner une forte dégradation de l’insécurité : « En moins d’un mois, nous avons été caillassés trois fois, mettant trois ambulances hors services. Cela atteint clairement notre capacité opérationnelle sans parler du mental de nos agents qui craignent de se rendre dans les zones à risque. »
Du côté des transporteurs, c’est le ras-le-bol, on le voit sur une video qu’ils ont tourné dans le bus saccagé, « comment veux-tu qu’on ait le courage de se lever le matin avec ça ?! », lance l’un. Nous avons contacté Siaka Anli Djoumoi, FO : « J’ai demandé au président du conseil départemental de stopper le ramassage ». Pas seulement sur la portion incriminée, nous indique-t-il, « sur la totalité du réseau ».
De son côté, Kamal-Eddine Attoumane Ahmed, délégué syndical CFDT, appelle les conducteurs à suivre un droit de retrait, également sur l’ensemble du réseau Halo.
La direction de la société Matis évoque une « nouvelle sauvage agression », et Jean-Pierre Combet, Directeur général délégué de la SAS Matis, exprime « son effroi après un acte d’une telle violence qui illustre que les délinquants n’ont plus de limites ». Il complète : » Nous donnerons à cette affaire toutes les suites qu’il convient. Nous ne pouvons plus accepter que notre personnel et les élèves que nous transportons se trouvent au quotidien dans une situation où leur intégrité physique et morale est gravement atteinte. »
Les affrontements entre bandes se sont poursuivis ensuite à proximité du lycée des Lumières.
Nous n’avons pu joindre la gendarmerie pour conforter les éléments recueillis lors de notre reportage. Par contre, selon Anli Siaka, les images de la vidéo embarquée dans le bus devraient être exploitables.
Anne Perzo-Lafond