Depuis les conventions de Bâle ratifiées en 1992, la question des mouvements transfrontières des déchets dangereux et de leur élimination est largement encadrée. C’est une gageure de plus à respecter pour ce petit territoire insulaire qu’est le 101ème département. Petit, mais en plein développement. Et qui dit développement, dit production de déchets, dont certains s’avèrent dangereux. Entendons par dangereux, selon le site du gouvernement, des déchets qui « contiennent, en quantité variable, des éléments toxiques ou dangereux qui présentent des risques pour la santé humaine et l’environnement ».
de façon habituelle, ces types de déchets (batteries, déchets médicaux, huiles en tous genres) sont périodiquement transbordés par la société MSC. Seulement, comme nous l’expliquions dans nos colonnes lors de la visite du directeur général de CYCLEVIA – l’éco-organisme de la filière des huiles et des lubrifiants usagés depuis mars 2022 – la semaine dernière, cela fait désormais plus d’un an que ces derniers ne sont plus collectés au sein de l’île au lagon. « Normalement ces déchets dédiés partent au fil de l’eau », explique Maxime Ahrweiller, Secrétaire générale pour les Affaires régionales (SGAR). Mais à la suite d’un incident dans un port, la compagnie a émis un moratoire en « attendant de revoir leur procédure interne ». Ce fait, mêlé à plusieurs autres facteurs, a poussé les déchets dangereux à s’accumuler sur le sol du 101ème département.
Voilà les prémisses de cette opération subventionnée par l’Etat (à hauteur de 130 000 euros), consistant à affréter un navire tout spécialement pour l’évacuation de ces déchets : une nécessité à l’heure où les entrepôts de la STAR (entreprise de collecte) commençaient à afficher des jauges dangereusement pleines, à l’instar de ses clients.
« On ne collecte pas 100% des déchets dangereux »
« Ces déchets dangereux, il fallait absolument les exporter rapidement, parce que si on avait attendu la reprise de MSC, on aurait mis des années je pense. Entre le flux et le stock, ça aurait été ingérable, et les sites seraient restés complètement saturés » commente la SGAR.
C’est ainsi que ce mercredi, pas moins de 245 tonnes de déchets seront chargés à bord d’un navire en direction de La Réunion (qui souffre des mêmes problématiques), avant d’être envoyés en métropole pour être traités. Et la destination de l’hexagone s’impose : conformément à la convention de Bâle, comme le rappelle Maxime Ahrweiller, il est impossible d’envoyer ces déchets dans des pays de la région, qui ne sont « pas à même de les traiter dans les respects de l’environnement et des conditions de travail ».
En aval de ce convoi exceptionnel, peut-on alors imaginer une reprise classique des activités ?
A ceci, le directeur de Star Mayotte Sébastien Suchy répond qu’on « verra le mois prochain mais normalement la fréquence c’est une fois par mois. Avec STAR Mayotte on exporte normalement tous les mois. C’est à dire que l’île ne devrait pas être en sur stockage dans les prochains mois.
Maintenant la plus grosse problématique qu’on va avoir, c’est qu’il va falloir être patient, parce qu’il faut déstocker aussi chez nos clients. Il y a du stock, tout est en sécurité ». Et le directeur de préciser que les collectes devraient pouvoir reprendre d’ici quinze jours chez les différents clients.
Néanmoins, la SGAR précise qu’on ne « collecte pas 100% des déchets dangereux ».
Si l’Etat n’a aucun pourcentage à fournir sur le sujet à ce jour, le président de la société STAR explique qu’il a été demandé à ‘tous nos clients producteurs un inventaire des lieux pour savoir le quantitatif ». Et en guise de bilan, Sébastien Suchy précise admet qu’il » pense que pour déstocker complètement l’île, (Ndlr en déchets dangereux) si on a une reprise du trafic maritime en déchets dangereux, on est partis sur fin juin 2023, pour que tout soit vide ».