« Mamoudzou est la première ville de Mayotte à avoir signé cette convention et la deuxième de France après Saint-Denis de La Réunion ». Certes, si le dispositif n’existe pas encore en métropole, « il va être mis en place l’année prochaine », la signature de ce mardi matin démontre, selon Philippe Moccand, directeur du Schéma industriel et Outre-mer à Citeo, « le dynamisme du chef-lieu ». Alors que l’entreprise est présente depuis dix ans à Mayotte, ayant notamment permis l’installation de bac de tri ou encore l’organisation d’opérations de nettoyage de plage, l’ambition est désormais au renforcement des partenariats avec les communes du département.
Cartographier les dépôts sauvages
« Ce mariage entre Mamoudzou et Citeo », selon le directeur, inaugure cette nouvelle ère de travail commun dans la lutte contre les déchets diffus abandonnés, notamment d’emballages ménagers. Ces derniers représentent une source de nuisances significatives qu’il s’agisse de la pollution des sols, la multiplication des foyers larvaires ou encore la dégradation du cadre de vie des riverains. A tel point que la ville de Mamoudzou a décrété la propreté urbaine comme cause communale pour les dix années à venir.
« La convention se construit autour de trois points principaux », éclaire le directeur général des services de la mairie, Philippe Ramon. Si la mise en place du plan propreté 2020-2030 constitue une des prérogatives de la convention, « nous avons aujourd’hui une quarantaine d’actions », souligne le DGS, le chef-lieu s’est engagé à désigner un référent « déchets abandonnés » afin de coordonner les actions au niveau local.
Pour sa part, Citeo s’engage notamment à développer une meilleure connaissance du gisement de déchets abandonnés en réalisant une cartographie des points sensibles ; l’objectif étant de pouvoir évaluer l’évolution de ces gisements dans le temps. Aujourd’hui, note le directeur du Schéma industriel et Outre-mer, « on sait la quantité de déchets collectés à partir des bornes de récupération, pas de celle relevant des dépôts sauvages ».
Un accompagnement financier nécessaire mais loin d’être suffisant
Citeo prévoit aussi un accompagnement financier de la mairie à hauteur de 500 000 euros. « L’entreprise nous a d’ores et déjà versé une enveloppe de 100 000 euros », renseigne le DGS. Quelle sera la finalité de ces fonds ? « On l’utilisera soit pour le fonctionnement soit en investissement, potentiellement pour mécaniser davantage la récupération des déchets dans la rue afin d’accroître l’efficacité des collectes à moindre coût », poursuit-il. Néanmoins, si l’argent est nécessaire, il est loin d’être suffisant pour résorber les tas de déchets sauvages.
« Ce n’est pas uniquement en mettant des milliers d’euros que la situation s’améliorera », précise Dhinouraine M’Colo Mainty, premier adjoint du maire, pour qui le travail principal tient « au changement des mentalités afin que chacun y mette du sien ». Un changement à opérer selon lui « dès la maternelle », pour éduquer les citoyens de demain au respect de l’environnement, « avec des campagnes de préventions quotidiennes ».
La lutte contre les déchets sauvages, un puits sans fond
La lutte contre les déchets sauvages s’apparente pour l’heure, en effet, à un éternel recommencement, en témoigne les propos du DGS : « On a mis en place une équipe pour récupérer ces déchets. Sitôt les encombrants récupérés, sitôt il y en a des nouveaux. La sensibilisation, nous en faisons beaucoup, mais il faut aussi du répressif ». Si l’enjeu de la lutte contre les déchets diffus concerne l’ensemble du département, le premier adjoint entend rappeler que la « compétence des collecte des déchets est celle des communes », d’où l’ambition que toutes les communes du département signent la convention avec Citeo.
La valorisation des déchets à Mayotte, une filière en devenir ?
L’objectif serait à terme « d’arriver à faire une boucle de revalorisation des déchets pour créer de la valeur sur le territoire en adaptant les infrastructures à la taille du territoire », expose Philippe Moccand. Une démarche qui ne peut trouver d’aboutissement sans le déploiement d’une déchetterie sur le territoire du département. Pour l’heure la situation est aux antipodes de celle escomptée : « à Mayotte on ne trie que 5% des déchets produits alors que dans certains départements de métropole cela atteint les 95 % », rappelle le DGS.
Certes, si le chef-lieu est en discussion avec le SIDEVAM afin de déployer un dispositif de déchetterie mobile, le travail à accomplir reste encore fastidieux. Philippe Ramon le concède, « on est conscient que l’on s’attaque à une montagne trois fois plus grande que le mont Choungui »
Pierre Mouysset