Un appel d’offre va prochainement être lancé par l’Etat pour « l’Etude d’un scénario sur Grande Terre et comparaison aux scénarios antérieurement étudiés sur Petite Terre en vue de la réalisation d’un dossier d’enquête préalable à la DUP », indique le site des marchés publics depuis le 22 juillet dernier. Sur une durée assez longue, 5 ans, pour que nous nous en inquiétions auprès de Christophe Masson, délégué de la direction du transport aérien de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) à la piste longue. Qui évoque une procédure habituelle.
« C’est une action indispensable dans le cadre du processus d’étude impact d’un projet qui met en œuvre une Déclaration d’utilité Publique ou une étude environnementale. Nous devons justifier de l’emplacement du projet. Cela nous a d’ailleurs été demandé par l’Autorité environnementale. » Il faut dire que cette dernière avait copieusement remonté les bretelles des porteurs du projet dans son avis de décembre 2020, notamment pour l’avoir quelque peu oubliée dans le document contractuel des dispositions techniques, « les cahiers des clauses techniques et particulières (CCTP) ne font pas référence à une éventuelle autorisation environnementale », pouvait-on lire.
Déjà dans les années 80
L’Autorité environnementale avait demandé de réviser la copie, en étant plus que nuancée sur l’utilité du rallongement de la piste qui n’était pas démontrée selon elle. Dans ce domaine aussi, Mayotte doit prendre en compte des données environnementales qui n’étaient pas d’actualité quand les autres territoires français ont bâti leurs infrastructures.
L’étude de l’implantation d’une piste longue en Grande Terre fait donc partie de cette logique d’étudier le champ des possibles pour justifier la positionnement qui sera in fine choisi : « Nous devons border le projet juridiquement pour ne pas être attaqués sur un des points non étudiés ensuite », rapporte Christophe Masson.
Notamment en cause, le volcan, qui a fait à la fois trembler la terre et les études d’impact, surtout en Petite Terre qui a connu un affaissement majeur (20 cm) au regard de l’ensemble de l’île. « Comme je l’ai déjà dit, les conséquences de l’émergence du volcan se font sentir sur les conditions et les contraintes pesant sur le projet. Il va notamment falloir acheminer des matériaux supplémentaires, et donc, renforcer les liaisons entre Grande et Petite Terre ». Pour évoluer du risque cyclonique au risque volcan, il faut renforcer les ouvrages en béton en passant de 5 à 40 tonnes.
Le coût de l’étude sur un emplacement en Grande Terre est évalué sur une fourchette très large, de 1 à 10 millions d’euros. « Des études ont déjà été réalisées sur Grande Terre dans les années 80 sur l’implantation d’une piste aéroportuaire, à Combani ou à Majikavo Lamir. Là, toutes les zones seront regardées. » Une solution qui permettrait d’avoir deux sites aéroportuaires et qui éviterait la contrainte de la barge à la majeure partie de la population, mais qui a peu de chance d’être retenue.
Car une difficulté majeure se pose pour une implantation en Grande Terre: depuis les années 80, la quête du foncier s’apparente à une mission de chercheur d’or.
Anne Perzo-Lafond