Le Centre pénitentiaire est pourtant récent, inauguré en 2015, et, pensait-on, devait permettre d’anticiper avant de craindre la surpopulation. Sept ans après, force était au ministre de constater les taux qu’on lui présentait : un remplissage à 200% dans les quartiers homme, qui appelle un 2ème centre. “J’ai demandé au préfet d’actionner tous les leviers de l’Etat, pour que l’on trouve un terrain afin que l’on puisse construire un nouvel établissement pénitentiaire à Mayotte », déclarait alors le Garde des Sceaux. Le préfet est d’ailleurs prié de se transformer en agent immobilier pour d’autres infrastructures à l’agenda, la cité judiciaire, et les appartements pour les agents.
En attendant l’aboutissement, la politique du procureur Yann Le Bris ne mollit pas, et continue de faire partir pour la prison des auteurs de violences, même au casier judiciaire vierge, sous l’effet du ras-le-bol insécuritaire général. Le quartier des mineurs est également en surpopulation.
Lors de son 2ème passage à Mayotte, en août dernier, Gérald Darmanin l’a précisé, les transferts de prisonniers allaient s’intensifier, vers La Réunion et ailleurs. L’autre département français de l’océan Indien s’apprête ainsi à accueillir chaque mois une dizaine de détenus de Majikavo, une organisation qui a débuté depuis le début de la semaine, informe nos confrères du Quotidien de La Réunion. Cela concernerait les prisonniers dont la peine est supérieure à 18 mois. Un coût évalué à 3.000 euros par transfert, celui afférent aux détenus étant pris en charge à Mayotte, et celui lié au personnel retombant sur la prison accueillant les détenus, celle du Port.
Outre les frais engagés, là-bas, on craint des conflits communautaires qui s’étaient déjà produits en 2013, lors d’un important transfert, mais aussi, l’accélération du taux de remplissage de la prison du Port, et la prise en compte de la question du territoire de réinsertion du prisonnier une fois sa peine purgée.
La gestion régionale à La Réunion (Cour d’appel ou grosses entreprises) a donc ses limites, et le ras le bol ne vient cette fois pas de Mayotte…
A.P-L.