Alors que la matinée de ce mercredi était marquée par l’incendie d’une partie des locaux de l’intercommunalité de Petite-Terre, Kaweni s’est peu à peu transformé en lieu d’affrontement entre jeunes et forces de l’ordre. La situation se serait envenimée à la suite d’un contrôle de la Police aux Frontières. Des jeunes du village auraient alors pris à partie les forces de l’ordre. Barrages avec le mobilier urbain, poubelles incendiées, circulation fermée, jet de pierres, les scènes de violences se sont succédé en pleine journée. A l’espace Coralium, des vidéos montrant des jeunes volants des scooters ont circulé sur les réseaux sociaux provoquant la sidération des riverains.
« Sentiment d’impunité chez les délinquants et les voyous »
Au regard de cette situation, la députée Estelle Youssouffa, par communiqué de presse a rappelé que « la population est toujours quasiment seule face aux vandales qui opèrent dans l’impunité totale », soulignant qu’il « appartient au gouvernement de ramener par tous les moyens l’ordre public et la paix à Mayotte ». Joint par téléphone, le premier édile de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila, a tenu à souligner que « tant qu’il y aura ce sentiment d’impunité chez les délinquants et les voyous, chacun se sentira à même de faire ce qu’il veut car il sait qu’à côté, il n’y aura pas de sanction ». A ce titre, il est revenu sur la nécessité de la construction « d’une seconde prison à Mayotte pour mettre hors d’état de nuire ces voyous et ces délinquants qui terrorisent au quotidien le territoire et troublent la paix et la tranquillité publique ».
Lutter contre le « à quoi bon ?»
Alors qu’en juillet dernier le maire de Mamoudzou, lors de l’inauguration du parc SPPM, avait présenté les enjeux de cette rénovation urbaine dans une optique d’amélioration du cadre de vie des habitants du quartier, les événements d’hier pourraient participer à nourrir une lassitude certaine teintée d’un « à quoi bon ? ». Pourtant, Ambdilwahedou Soumaila refuse d’abdiquer : « ce n’est pas parce qu’il y a ces violences urbaines que nous n’allons pas continuer à travailler ou à mobiliser les territoires de la commune ». Qu’il s’agisse de l’excellence éducative ou de l’excellence sportive, « c’est tout ce travail que nous allons continuer à porter en espérant que cela participera, en tout cas à notre niveau, à rendre ce territoire apaisé où chacun trouvera sa place ». A ce titre, il a tenu à souligner que « le vivre ensemble est important », rappelant la tenue, ce vendredi, de la première édition des Journée du vivre ensemble organisée par la mairie de Mamoudzou.
Dans la perspective prochaine de la venue de Gérald Darmanin et de Jean-François Carenco, la problématique de la sécurité à Mayotte aura indéniablement une place à part. A ce titre, la députée Estelle Youssouffa entend souligner dans son communiqué que « nous ne pouvons plus endurer cette terreur, la peur doit changer de camp et la République reprendre le terrain laissé aux voyous ».
Pierre Mouysset