« La date n’est pas un hasard, nous souhaitions une symbolique et cette symbolique est la rentrée des parlementaires à l’Assemblée nationale ce mardi », témoigne une source de Mayotte La Première. « Le mouvement sera suivi à Mayotte, en solidarité avec les autres rédactions de l’audiovisuel public que ce soit à Paris mais aussi dans les outre-mer », poursuit notre informateur. A l’origine de cette action sociale, la promesse de campagne du président de la République de supprimer la contribution à l’audiovisuel, dans un contexte de regain inflationniste, et dans le cadre des mesures de soutien au pouvoir d’achat des ménages.
La contribution à l’audiovisuel, un financement indépendant
D’un montant de 138 euros en France métropolitaine et de 88 euros en outre-mer, cette contribution concerne près de 23 millions de foyers. « Rapporté au nombre de jours de l’année, cela équivaut à une contribution de 24 centimes pour les foyers assujettis à cette taxe en outre-mer », précise notre interlocuteur. Cette contribution constitue la ressource principale du secteur public de l’audiovisuel composé de France Télévisions dont les chaînes publiques d’outre-mer, d’Arte France, de Radio France, de France Médias Monde ainsi que de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), chargé de la conservation des archives audiovisuelles.
« Sans cette redevance, nous n’aurons plus de visibilité sur le budget et nous allons être dépendant des coupes budgétaires et des arbitrages du gouvernement », détaille notre contact au sein de La Première. Quid de la pluralité de l’information et des débats qui nourrissent la vie démocratique française alors que le financement sera assujetti à des décisions au niveau gouvernemental ? « Le risque est aussi d’avoir un démantèlement progressif du service public de l’audiovisuel au profit des entreprises privées avec le risque de voir disparaître le réseau de média régional pour une large part absent de leur grille de programmation »
Des inquiétudes vivaces chez les syndicats
« Ces chaînes de proximité, c’est ce qui permet d’avoir un maillage territorial sans
forcément avoir à souscrire à un abonnement auprès de chaînes privées », rappelle-t-il justement. L’inquiétude puise aussi ses racines dans la crainte de voir les grands groupes privés, français ou internationaux, s’approprier les droits de retransmissions de grandes compétitions sportives.
En outre, l’inquiétude que des médias publics sous dotés ne soient plus en mesure de proposer une information de qualité est d’autant plus vive. Et ce serait là, la porte ouverte aux fourmillements de la désinformation, notamment dans le contexte actuel de guerre en Ukraine. « Affaiblir le service public de l’audiovisuel, c’est affaiblir la démocratie et ses capacités de riposte face à l’essor des fake news», insiste notre interlocuteur. Il s’agit donc d’un mouvement social d’ampleur pour alerter les députés de cette nouvelle mandature législative dans un contexte bien particulier pour le parti du président, « maintenant qu’il doit composer avec les parlementaires d’autres groupes ». Une journée de grève unique à l’heure actuelle qui engendrera des perturbations potentielles dans le traitement de l’actualité locale.
Pierre Mouysset