Cette particularité d’une saison des pluies qui a été concentrée sur quelques mois, avec une forte pluviométrie, devrait être la règle à l’avenir, nous avait indiqué celui qui n’est plus directeur territorial de Météo France, Laurent Floch.
Avec un excédent pluviométrique moyen de 20 % c’est la 5ème saison des pluies la plus arrosée depuis 1996 à Mayotte. Il faut remonter à la saison 2017-2018 pour avoir une pluviométrie aussi favorable.
Saison cyclonique
La saison cyclonique 2021-2022 sur le bassin sud-ouest de l’océan Indien a vu naître 13 systèmes atteignant au moins le stade de tempête tropicale. C’est trois de plus que la normale, « ce qui est assez exceptionnel compte tenu du démarrage très tardif de la saison avec le premier système nommé le 24 janvier ».
Ce 1er système, avant d’être nommé Ana, passera d’ailleurs le 23 janvier à 280 km au sud de Mayotte au stade de dépression tropicale sans avoir de véritable influence sur le temps de l’île, si ce n’est une rafale maximale de vent de 84 km/h d’ouest mesurée à Pamandzi. Par contre, deux autres systèmes dépressionnaires tropicaux engendreront des précipitations assez notables sur Mayotte (Gombe le 10 mars et Jasmine le 22 avril).
Pluviométrie
La pluviométrie de cette saison des pluies est presque partout excédentaire sur l’île. Ce n’est que localement sur le Nord et le Sud de Grande-Terre que la pluviométrie reste tout juste dans les normales (voir la carte). Ainsi la station de Mbouini, sur le Sud, a enregistré 1038 mm en 6 mois, soit 102 % de la normale. C’est la station la moins arrosée de l’île. Sur le Nord, la station de Dzoumogné n’enregistre aussi que 98 % de la normale. C’est finalement dans le centre de l’île que les cumuls de pluie sont les plus importants, notamment à Coconi avec 1836 mm, soit 135 % de la normale. Ce n’est pas pour rien que la zone est considéré comme le grenier de Mayotte.
Cette pluviométrie favorable est due à de nombreux épisodes de pluie tout au long de la saison. En dehors d’un épisode pluvieux important fin novembre 2021, donnant lieu à un excédent de pluviométrie, l’inquiétude pointait chez les acteurs institutionnels qui voyaient défiler les jours sans nuages de décembre et janvier, qui ont enregistré un déficit pluviométrique respectifs de 35% et 15%, mois pendant lesquels démarre la saison des pluies habituellement.
Celle-ci s’est rattrapée sur les mois suivants qui furent excédentaires : 70 % d’excédent de pluie en février, 15 % en mars, 90 % en avril. « Ce dernier mois clôture donc en beauté la saison des pluies puisqu’il est le 2ème mois d’avril le plus arrosé depuis 1996. C’est de bonne augure pour la ressource en eau, juste avant l’entrée en saison sèche », souligne Météo France.
Parmi les journées les plus arrosées de cette saison des pluies, on retiendra :
- le 30 novembre 2021 (sous orage) : 144 mm à Combani et 116 mm à Trévani,
- le 10 février 2022 : 122 mm à Combani et 102 mm à Bandrélé,
- le 10 mars 2022 (sous l’influence de Gombe, alors forte tempête tropicale en phase d’éloignement qui était passée la veille au plus près de Mayotte à 215 km au sud-sud-est au stade de tempête tropicale modérée) : 89 mm à Vahibé et 75 mm à Pamandzi (avec une rafale maximale de vent de 73 km/h de nord-ouest),
- le 22 avril 2022 (perturbation tropicale à proximité de l’île deux jours avant qu’elle ne devienne la tempête tropicale Jasmine à proximité des côtes mozambicaines) : 112 mm à Dzoumogné et 93 mm à Pamandzi (avec une rafale maximale de vent de 77 km/h de nord-nord-est).
Températures
Du côté des températures, sur l’ensemble de la saison de novembre à avril, les maximales affichent une moyenne de +31,5°C à Pamandzi, soit 0,9°C de plus que la normale. Quant aux minimales, la moyenne est de +25,5°C soit 0,7°C de plus que la normale.
Au final, si l’on se base sur la température moyenne (+28,5°C), cette saison se classe donc au 7ème rang des plus chaudes depuis 1951.
Moralité : le ciel pourvoit à nos besoins, les acteurs de l’eau doivent faire en sorte que ça coule de source jusqu’à nos robinets, en investissant dans des infrastructures adaptées.
Laurent Floch avait conclu sur ces saisons cycloniques plus tardives et plus concentrées: « Nous assistons à un bouleversement de la logique habituelle, et dans plusieurs années, il y a fort à parier que c’est une saison des pluies comme celle que nous vivons qui servira de modèle ».
A.P-L.