De passage à Mayotte en mars dernier, le président de la Cimade Henry Masson avait prévenu: si l’accès aux locaux de la Cimade n’était pas dégagé rapidement, il engagerait des poursuites. Ce n’est pas faute d’avoir tenté la conciliation lorsqu’il soulignait les points communs entre l’association et les Collectifs, » nous ne sommes pas contre les Mahorais et pour les Comoriens, nous sommes pour aider toutes les personnes dans la défense de leurs droits », en rajoutant, « nous ne les hébergeons pas, nous ne sommes pas une association humanitaire ».
La police était intervenue pour libérer la voie aux équipes, qui avaient pu décrocher les banderoles sur lesquelles étaient inscrites « Stop au trafic d’êtres humains ».
A l’origine de ce mouvement, le rejet par le tribunal administratif d’une opération de démolition d’habitat insalubre, initiée par le préfet à Combani. Plusieurs associations avaient contesté cette opération, dont la Cimade. Depuis, la justice l’a validée, et ce sont 122 cases en tôles qui ont disparu à Combani comme à Mirereni le 26 avril dernier. Cela aurait été une bonne occasion pour le Collectif de lever la pression sur la Cimade. Mais la certains sont en précampagne électorale, ce qui plaide en faveur du « jusqu’au-boutisme », et joue contre la montre de l’association.
Qui monte le ton: « Cette situation, inacceptable dans un Etat de droit, caractérisant une entrave manifeste à la liberté associative, perdure depuis trop longtemps, en dépit de nos interpellations des pouvoirs publics et de nos tentatives de dialogue avec les personnes responsables du blocage. Une rencontre et des échanges ont été organisés entre plusieurs membres du Collectif des Citoyens de Mayotte 2018 et La Cimade, mais n’ont eu aucune conséquence sur le blocage de notre local. »
En conséquence de quoi, la Cimade indique saisir la justice contre les membres du Collectif des Citoyens de Mayotte 2018. « Par une requête en référé, nous demandons au tribunal judiciaire de nous garantir la pleine jouissance de nos bureaux pour nous permettre de continuer à porter nos valeurs et déployer nos actions sur le département de Mayotte, tout en garantissant la sécurité de l’ensemble de nos membres et des personnes qui sollicitent notre aide. »
A.P-L.