Tribune – « Travailler en esclavage» pour le concours national « la flamme de l’égalité »

S’approprier son Histoire c’est notamment revenir sur la période de l’esclavage à Mayotte, pour « poser des balises et des repères » dans une société en pleine évolution, nous dit Bacar Achiraf, président de la Ligue de l’enseignement.

Mayotte comme l’ensemble des outre-mer a gardé des séquelles mémorielles de l’esclavage. Il a été dit, pendant une certaine période, que l’esclavage à Mayotte a été « doux ». Ce concept étonnant a fait l’objet d’un travail de recherche extrêmement fourni ainsi que de nombreuses publications de grande qualité. Cette démarche a permis de mettre un terme à ce déni d’une partie significative de l’Histoire douloureuse de notre Département.

La loi du 21 mai 2001 reconnaît les traites et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Cette avancée majeure permet de réparer peu à peu les mémoires et d’apaiser le processus de transmission mémorielle qui incombe à notre génération. Dès lors, l’Education nationale et l’ensemble des partenaires du concours national, dont la thématique, cette année, est « travailler en esclavage», sont mobilisés pour faire en sorte que les enseignements ainsi que les travaux de recherche en histoire et en sciences humaines puissent mettre en lumière la traite négrière et l’esclavage à Mayotte.

Note territoire évolue rapidement consécutivement à la départementalisation et à la Rupéisation. C’est un territoire qui a besoin de poser des balises et des repères dans l’histoire des oralités qui risquent d’être emportées par les métamorphoses rapides de la société. Aujourd’hui, notre devoir est de graver la mémoire de l’esclavage sur le marbre de notre mémoire.

Un concours qui balaie un large éventail

Après une longue période de déni, les Mahorais et les Mahoraises ressentent le besoin, non pas de rouvrir des plaies mémorielles, mais de regarder leur passé en face pour mieux aller de l’avant.

C’est ainsi que le présent concours, porté localement par le rectorat de Mayotte et ses partenaires, invitait les scolaires et leurs enseignants à interroger les éléments de notre histoire tels que les lieux de mémoire, les œuvres littéraires ou artistiques ou encore le discours sur l’esclavage. Ces interrogations sont le creuset des réponses de demain que nous devons à nous-mêmes ainsi qu’aux générations futures.

Pour sa 7ème édition, le concours 2022 était ouvert aux élèves de CM1 et CM2, aux collégiens et aux lycéens. Les élèves devaient réaliser collectivement une production numérique libre sous forme de témoignage, dessin, texte lu, chanson, spectacle, exposition, BD, vidéo, etc. Quatre élèves représentant de chaque classe lauréate et un enseignant de l’équipe éducative seront invités à la cérémonie nationale de remise des prix à l’occasion de la Journée nationale des Mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions prévue en 2023.

La confédération de la Ligue de l’enseignement a la gestion opérationnelle du concours au niveau national. Localement, cette tâche revient au rectorat. Je félicite donc tous les élèves et leurs enseignants des classes de 4ème du collège de Bouéni, de 6ème, 5ème et 4ème de Kawéni 1, de 1ère du LPO de Pamandzi et de 4ème de Kawéni 2 qui ont participé à cet exercice de mémoire en réalisant une production audio ou vidéo de forme libre pour faire vivre et enrichir notre regard sur ce passé que nous avons en commun. Le jury de Mayotte s’est réuni le 21 avril 2022 par visioconférence pour départager les concurrents. La cérémonie en l’honneur des lauréats est prévue en juin prochain.

Pour toute information complémentaire, vous pouvez accéder au site en cliquant ici.

Bacar ACHIRAF
Président de la Ligue de l’enseignement

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