Volcan de Mayotte : quand l’encre et la lave risquent de continuer à couler

Ce jeudi 31 mars, le Parc Marin de Mayotte organisait une conférence sur le volcan de Mayotte et son impact sur les écosystèmes. Un rendez-vous dont la vertu n'aura pas tant été de livrer les dernières informations scientifiques sur le volcan, que de rappeler le caractère exceptionnel de ce phénomène géologique aux retombées multiples. 

« L’idée c’est de voir ce qu’on va pouvoir apprendre au delà de l’aspect géologique, sur les écosystèmes qui sont au-dessus, sur les milieux profonds, sur les poissons, si ça va avoir un impact sur le corail puisqu’on est pas très loin non plus de la barrière de corail… On va se poser tout un tas de questions sur la biologie, et l’idée de cet évènement qui est anxiogène pour les gens qui habitent sur place, c’est d’en tirer une richesse, de créer de la science, l’amélioration de la connaissance et peut-être des  innovations technologiques, etc… De manière à ce que dans ce domaine inquiétant, on puisse en faire quelque chose qui valorise » introduisait Christophe Fontfreyde, directeur du Parc Marin. Le volcan de Mayotte, 4ème volcan actif de France, est ainsi présenté comme un « terrain de jeu exceptionnel » dont  » on va pouvoir tirer beaucoup d’enseignements sur la biologie ».

Après une courte présentation du Parc Marin et de ses missions, la parole est donnée aux différents experts de l’IFREMER et du BRGM. Et c’est à l’occasion d’une table ronde avec un public à la curiosité certaine, que les grandes lignes de la thématique étaient rappelées à tous.

Les experts de l’IFREMER et du BRGM
Ainsi, l’une des expertes dressait l’anatomie des abysses, photographies à l’appui : différents types de bactéries, de micro-organismes ressemblant à des draps ou autres formes abstraites, formées par ces communautés de micro-organisme. Le tout accompagné de tapis microbiens, et de sorties de fluides composées de CO2, de méthane et d’hydrogène.

En ressort conséquemment la question de l’impact sur les organismes locaux. Concernant les poissons, l’un des experts expliquaient que sur les voiliers (sortes de gros poissons avec un rostre), aucun changement particulier n’a été remarqué dans leurs trajets migratoires, certains animaux étant marqués. Il précise toutefois que ces espèces sont en haut de la colonne d’eau et donc non affectées par les changements se déroulant en dessous.  » Ce qu’il serait important, c’est de voir sur les autres espèces », notamment les poissons évoluant en eaux profondes, les poissons coralliens et autres, s’ils vont être affectés. Mais pas encore de réponse définitive à cette heure, seulement des hypothèses de travail. L’expert précise tout de même que tout cela va affecter la chimie de l’eau, et donc conséquemment avoir un impact potentiel sur toute la chaîne tropique, du corail jusqu’aux tortues.

La localisation du volcan
A la question de l’impact du volcan sur l’île et ses risques potentiels, la seule réponse donnée aura été la promesse d’une prochaine conférence à venir, portée plus précisément sur le sujet. Quant à l’idée de voir le volcan émerger un jour, l’un des experts répond  que si la structure a pu croître de 800m de hauteur et atteindre une envergure de 12 km en un an, il faudra  » cent ou mille fois plus de matériaux » pour que cela se produise.
En somme, beaucoup d’interrogations mais encore peu de réponses pour l’heure sur ce phénomène géologique aux conséquences diverses, dont la première aura été de conférer à Mayotte une notoriété certaine au sein de la communauté scientifique internationale. Mais ce  » terrain de jeu exceptionnel » a encore bien des secrets à livrer, et les scientifiques n’ont fait qu’effleurer la surface de ce volcan sous-marin aux multiples mystères. L’encre, comme la lave, n’a pas fini de couler…

Du 9 au 22 juillet prochain, le navire Marion Dufresne repartira en mer pour une nouvelle mission d’observation scientifique, laquelle nous livrera on l’espère, toujours plus d’informations sur le phénomène.

Mathieu Janvier

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