31.8 C
Mamoudzou
mercredi 29 janvier 2025

« Ils voulaient couper la main d’un supposé voleur et finissent au tribunal »

Au lieu d'appeler la police, deux habitants de Mamoudzou ont menacé de couper les mains d'un supposé voleur de téléphones. Au risque d'appliquer une loi qui n'est pas celle de la République. Cette dernière en revanche leur a valu 6 mois de prison avec sursis pour enlèvement et violences.

On peine à imaginer la terreur qu’a vécue la victime, en ce jour de 2016. L’opinion publique était, on s’en souvient, traumatisée par les coupeurs de route, et la confiance en la justice en avait pris un coup. Est ce qui a conduit à cette tentative de justice populaire ? Difficile à dire puisque les auteurs du lynchage n’ont pas daigné se présenter à leur procès.

Toujours est-il qu’il y a cinq ans, ces deux habitants de Mamoudzou ont arrêté et enlevé un jeune homme en dehors de tout cadre légal. Selon un témoin, la victime avait été vue avec un téléphone volé peu de temps avant à Mamoudzou. Il n’en fallait pas plus pour convaincre les habitants de se faire justice eux-mêmes.

Ils ont donc attrapé leur cible, l’ont ligotée et emmenée dans le lit d’une rivière, en menaçant de lui couper les mains, comme le prévoit la charia, loi islamique qui prévoit des châtiments corporels, appliquée dans d’autres pays. Sur place, un troisième homme était présent avec une machette, donnant à la menace une certaine contenance.

Heureusement, la police est intervenue avant que de plus graves violences ne soient commises. Un proche de la victime avait en effet, elle, eu le réflexe de faire appel aux forces de l’ordre. A leur arrivée, les trois hommes présents ont pris la fuite. Les deux kidnappeurs ont été rapidement identifiés, et l’un d’eux a reconnu sa participation lors d’une confrontation avec la victime. Mais selon les deux hommes interpellés, le troisième qui était présent avec une machette était là par hasard, et la menace de couper les mains du supposé voleur n’était pas sérieuse.

En l’absence des protagonistes, le procès s’est tenu rapidement, les juges ne pouvant que constater le « motif futile » de ce déchaînement de violence, dont on ne saura heureusement jamais comment il se serait soldé sans l’intervention rapide de la police.

Seule certitude, la justice française que ces habitants ont refusé de solliciter s’est retournée contre eux. Pour enlèvement, séquestration et violences, et compte tenu de l’ancienneté des faits, ils écopent tous deux de 6 mois de prison avec sursis.

Y.D.

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

La restriction de vente de tôles du préfet validée par le tribunal administratif

A la suite de la publication de l’arrêté préfectoral conditionnant la vente de tôle à la présentation de document d’identité pour empêcher la reconstruction de cases précaires, cinq organisations avaient déposé une requête en urgence au tribunal administratif. Qui vient de les débouter.

Mayotte comme symbole de la déficiente politique migratoire de la France

Le Premier ministre n’a pas seulement cité le 101ème département pour justifier le « sentiment de submersion » migratoire de la France, mais englobe plusieurs autres départements. A travers ses déclarations, François Bayrou pointe la démission durable des politiques d’intégration. D’autres comme Michel Rocard, l’avaient fait avant lui.

Journée de nettoyage du centre-ville de Mamoudzou ce vendredi

La Ville de Mamoudzou, la CADEMA et le Conseil...

« Je vais d’abord m’assurer qu’ils vont bien », premiers contacts entre professeurs et écoliers le jour de la rentrée

Après avoir été repoussée d’une semaine suite au cyclone Chido mais aussi à la tempête Dikeledi, la rentrée scolaire a eu lieu ce lundi 27 janvier à l’école élémentaire Cheikh Abdourahamane Ben Omar de M’Gombani à Mamoudzou. Un soulagement pour enfants et parents même si certains écoliers n’ont pas pu rentrer dans l'établissement, leurs professeurs étant absents.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com