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Mamoudzou

« Ils voulaient couper la main d’un supposé voleur et finissent au tribunal »

Au lieu d'appeler la police, deux habitants de Mamoudzou ont menacé de couper les mains d'un supposé voleur de téléphones. Au risque d'appliquer une loi qui n'est pas celle de la République. Cette dernière en revanche leur a valu 6 mois de prison avec sursis pour enlèvement et violences.

On peine à imaginer la terreur qu’a vécue la victime, en ce jour de 2016. L’opinion publique était, on s’en souvient, traumatisée par les coupeurs de route, et la confiance en la justice en avait pris un coup. Est ce qui a conduit à cette tentative de justice populaire ? Difficile à dire puisque les auteurs du lynchage n’ont pas daigné se présenter à leur procès.

Toujours est-il qu’il y a cinq ans, ces deux habitants de Mamoudzou ont arrêté et enlevé un jeune homme en dehors de tout cadre légal. Selon un témoin, la victime avait été vue avec un téléphone volé peu de temps avant à Mamoudzou. Il n’en fallait pas plus pour convaincre les habitants de se faire justice eux-mêmes.

Ils ont donc attrapé leur cible, l’ont ligotée et emmenée dans le lit d’une rivière, en menaçant de lui couper les mains, comme le prévoit la charia, loi islamique qui prévoit des châtiments corporels, appliquée dans d’autres pays. Sur place, un troisième homme était présent avec une machette, donnant à la menace une certaine contenance.

Heureusement, la police est intervenue avant que de plus graves violences ne soient commises. Un proche de la victime avait en effet, elle, eu le réflexe de faire appel aux forces de l’ordre. A leur arrivée, les trois hommes présents ont pris la fuite. Les deux kidnappeurs ont été rapidement identifiés, et l’un d’eux a reconnu sa participation lors d’une confrontation avec la victime. Mais selon les deux hommes interpellés, le troisième qui était présent avec une machette était là par hasard, et la menace de couper les mains du supposé voleur n’était pas sérieuse.

En l’absence des protagonistes, le procès s’est tenu rapidement, les juges ne pouvant que constater le « motif futile » de ce déchaînement de violence, dont on ne saura heureusement jamais comment il se serait soldé sans l’intervention rapide de la police.

Seule certitude, la justice française que ces habitants ont refusé de solliciter s’est retournée contre eux. Pour enlèvement, séquestration et violences, et compte tenu de l’ancienneté des faits, ils écopent tous deux de 6 mois de prison avec sursis.

Y.D.

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