Un adulte sur cinq souffre de syndrome dépressif à Mayotte, un record national

Une enquête Insee sur les syndromes dépressifs indique que Mayotte se place en pole position avec 20% des plus de 15 ans qui souffrirait de ce genre de troubles. Pourtant seuls 2% d'entre eux disent avoir consulté un professionnel.

La misère serait moins pénible au soleil, supposait Charles Aznavour dans sa chanson culte « emmenez-moi ». Une assertion démentie par les dernières données de l’Insee portant sur les troubles dépressifs. Il en ressort qu’à Mayotte, un adulte de plus de 15 ans sur cinq dit souffrir d’un syndrome dépressif. C’est plus qu’en Guyane (19%), La Réunion (11%) ou la métropole (11% également).

Pour bien comprendre ce sont on parle, « la dépression ou « épisode dépressif caractérisé (EDC) » est un trouble de l’humeur caractérisé par différents symptômes : tristesse, perte d’intérêt, troubles du sommeil et de l’appétit, etc. » précise l’Insee. Différents symptômes peuvent ainsi être évoqués, sans que l’intéressé n’ait conscience d’être déprimé ou dépressif. Le questionnaire a été proposés en français, en shimaore et en kibushi.

Différents facteurs caractérisent la dépression, souvent sans s’en rendre compte

Et la population n’est pas égale face à ces difficultés. Les habitants de Mayotte venant de métropole ne sont que 3% à souffrir de dépression, contre 22% pour les natifs de l’étranger et 19% pour les natifs de l’île.

« Les femmes, les jeunes et les personnes âgées sont particulièrement concernés. Être en mauvaise santé physique, ne pas avoir d’emploi et être né à l’étranger font partie des principaux facteurs associés à la dépression à Mayotte » indique l’Insee.

Parmi les explications, l’accès à la santé tient une bonne place. Un tiers (34%) des déprimés explique son ressenti par un mauvais état de santé perçu, 29% par des douleurs invalidantes et 32% comme suite à un « accident important ». Plus globalement encore, 44% des personnes en souffrance n’ont pas de couverture santé.

Des troubles presque jamais pris en charge médicalement

Le recours au soin est le plus bas de France

Autre constat marquant, les personnes souffrant de syndrome dépressif ont peu recours aux soins. Seuls 2% disent avoir consulté un professionnel, contre 7% en métropole. Parmi les raisons qui ressortent de l’étude : une méconnaissance de son mal-être, un manque de moyens financiers, la « très faible offre de soins en santé mentale » à Mayotte ou encore le recours au fundi. « Au 1er janvier 2019, Mayotte compte seulement 4 professionnels de psychiatrie pour 100 000 habitants, contre 23 pour 100 000 dans l’Hexagone » indique l’Insee.

« Le très faible recours aux soins de santé mentale à Mayotte pourrait tout d’abord s’expliquer par le fait que la très grande majorité des personnes souffrant d’un syndrome dépressif n’en ont pas conscience. De plus, le renoncement aux soins est fréquent à Mayotte, notamment pour des questions financières. Ainsi, 12 % des habitants ayant eu besoin d’un suivi psychologique dans l’année précédant l’enquête n’ont pas pu se le payer. Une part importante de la population majeure de Mayotte ne bénéficie pas d’une complémentaire santé, ni même de la Sécurité sociale, ce qui complique l’accès aux soins. Par ailleurs, il est fréquent à Mayotte de faire appel à des médecins traditionnels, notamment des fundi, afin de soulager des problèmes de santé, y compris ceux de la sphère psychique, plutôt en substitution de la médecine conventionnelle. »

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