Les enfants âgés de 3 à 10 ans passent en moyenne un mois entier devant un écran chaque année (728 heures, selon cette tribune du Monde). Or, sans aller jusqu’à les bannir de nos vies, la surexposition aux écrans peut être néfaste pour les enfants. On parle alors de surexposition précoce. « Le numérique fait partie de notre époque, mais dans les premières années de la vie, on constate que du fait de la surexposition, voire de l’exposition tout court pour les moins de trois ans, de plus en plus d’enfants développent des troubles du langage, de l’attention et de la concentration, voire des troubles psychomoteurs » nous explique Hélène Frach, cheffe de service au Centre d’Aide Médico-social Précoce (Camsp) de Mamoudzou, qui organisait une semaine de prévention à destination des parents intitulée « écrans en veille, enfant en éveil ». Outre les éventuelles difficultés à tenir un crayon ou apprendre à écrire quand on a d’abord appris à « swiper », « l’écran apporte une réponse instantanée, il n’apprend donc pas la frustration, ce qui peut entraîner des troubles du comportement ou de l’attention » analyse la praticienne.
Parmi les symptômes constatés, « soit une hypotonie, car les écrans sont passifs, soit au contraire de l’agitation car l’écran n’incite pas à se poser et à se concentrer ». Dans ce contexte, des campagnes ont été lancées au niveau national. « A Mayotte, ce sujet est peu abordé, comme tout le monde n’y a pas accès, on a plutôt tendance à parler de la fracture numérique, mais on constate quand même que la surexposition peut avoir lieu dans tous les groupes sociaux ».
Privilégier le temps ensemble
Pour la psychologue, « il ne s’agit pas de faire la morale aux parents mais d’ouvrir un dialogue, de les informer des risques ». Pour y parvenir, la structure a mis en place plusieurs journées pour réunir les parents des enfants suivis au Camsp, avec des séances de sensibilisations, des groupes de parole, et l’intervention d’un conteur. « Il ne s’agit pas seulement de dire que les écrans sont nocifs, mais aussi de proposer des alternatives » poursuit la responsable, alors que le conteur, derrière elle, captivait une dizaine d’enfants et de parents.
Jouer en famille, cuisiner ensemble ou simplement expliquer à l’enfant ce que l’on est en train de faire sont autant d’alternatives épanouissantes auxquelles on ne pense pas toujours, mais qui ne peuvent faire que du bien, surtout pendant les congés.
Y.D.