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Proman offre 10 000 euros au Village d’Eva pour nourrir les enfants de Mayotte

Rolland Gomez, le directeur général de l’agence d’intérim Proman, s’est rendu sur l’île aux parfums ce mercredi 27 octobre, entre autres pour remettre officiellement un chèque de 10 000 euros à l’association Le Village d’Eva sur son site de Pamandzi. Cette dernière a pour ambition d’aider les enfants de Mayotte en situation de précarité à se faire scolariser, à rester en bonne santé et tout basiquement…à se nourrir !

« Tant qu’un enfant aura faim, il sera dans une démarche de survie. C’est comme cela qu’on fabrique des délinquants », a affirmé Anne Le Guern, directrice de l’association Le Village d’Eva. Créée en 2014 à l’initiative d’Aurélie Arribat, une médecin urgentiste qui a travaillé plusieurs années au CHM, cette association humanitaire à but non lucratif, s’est donné pour mission d’apporter son aide aux enfants de Mayotte en situation de précarité. Cette aide passe par l’éducation, la santé, mais également par la nourriture qui est en quelque sorte « le nerf de la guerre ». Si évident qu’il puisse paraître au sein d’un pays comme la France, ce droit essentiel de l’enfant n’est pourtant pas respecté dans le 101ème département. « A Mayotte, on voit régulièrement des enfants fouiller dans les poubelles pour chercher de quoi se nourrir », a expliqué Anne Le Guern qui voit dans cette situation l’une des causes de la forte délinquance que connaît Mayotte depuis de nombreuses années.

« Une fois que les enfants sont devenus adolescents, ce n’est pas qu’il est trop tard pour agir, car il n’est jamais trop tard pour venir en aide à un enfant, mais pourquoi ne pas plutôt prendre le problème à sa source qui est en fait la précarité subie dès la petite enfance ? », s’interroge la directrice. Pour elle, l’une des solutions pour lutter contre la délinquance serait de nourrir correctement tous les enfants de l’île. Une tâche titanesque quand on sait que, selon les statistiques de l’association, 5000 à 7000 enfants ne seraient pas recensés à Mayotte. « Et encore, c’est une fourchette basse », précise prudemment la directrice souvent soupçonnée « d’exagérer ». Afin de contribuer à remédier à ce problème de nutrition des enfants, Le Village d’Eva a donc lancé une demande de dons dans le cadre d’une opération nommée « 1 repas pour tous ». C’est l’agence d’intérim Proman qui s’est manifestée le plus rapidement (le dossier de financement a été bouclé en 3 semaines) en offrant un chèque de 10 000 euros à l’association. « Pour nous c’est énorme, cela représente la moitié du budget annuel de l’association consacré à l’alimentation », s’est enthousiasmée la directrice.

L’Etat ne finance jamais la nourriture

Invitée par Le Village d’Eva à venir assister à l’opération, la préfecture a répondu présente en la personne de Alexandre Kesteloot (SGAR adjoint).

« Pour des raisons qui lui appartiennent, le secteur public ne finance jamais d’opérations liées à l’alimentation », estime Anne Le Guern. Des propos à nuancer puisque l’Etat a financé pour 1,6 millions d’euros de bons alimentaires pendant la crise Covid à Mayotte.
« Pour tout ce qui touche à la nourriture, nous sommes obligés de nous tourner vers le secteur privé », a-t-elle estimé. « En tout cas, le don de Proman a été rapide et efficace », a-t-elle poursuivi, appuyée en ce sens par Rolland Gomez qui a affirmé que « Seules les entreprises privées sont capables de se mobiliser rapidement sur de grosses sommes d’argent ». A l’occasion de la visite de ses agences de l’océan Indien, le directeur général de Proman en a donc profité pour venir remettre en personne le chèque de 10 000 euros au Village d’Eva. Il était accompagné de Nicolas Puluhen, le responsable secteur océan Indien et de Anrifou Saïd, le responsable territorial des agences Proman à Mayotte. De son côté, Anne Le Guern avait invité une dizaine d’enfants du Village d’Eva à venir assister à l’évènement ainsi que quelques bénévoles.

Cette association, qui a commencé par donner des cours aux enfants des bidonvilles de Kaweni sous un arbre (littéralement), s’est donc bien développée en l’espace de 7 ans. « L’année dernière, nous nous sommes occupés de 320 enfants sur nos 2 sites », a expliqué Anne Le Guern. « Nous avons à présent 4 sites et sommes passé de 2 à 8 salariés », s’est-elle félicitée. Cette année, elle espère que Le Village d’Eva pourra aider 500 enfants de Mayotte. Cette aide comporte notamment une assistance administrative à la scolarisation, qui fait souvent défaut sur l’île. Les lois françaises stipulent pourtant qu’un enfant vivant sur le territoire français n’est pas expulsable et doit obligatoirement être scolarisé jusqu’à ses 16 ans. Et ce, qu’il ait ou non des papiers.

Nora Godeau

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