Associations, Département, Etat, tous étaient réunis ce mardi à la mairie de Ouangani autour d’un enjeu commun : l’environnement. A l’origine, une saisine de la FMAE, la fédération mahoraise des associations environnementales, qui avait interpellé le CCEM, conseil de la culture et de l’éducation à l’environnement, une assemblée consultative qui donne des avis sur la politique du gouvernement dans les domaines de l’éducation, de l’environnement et de la formation professionnelle.
« Nous sommes réunis ici à Ouangani parce que la FMAE nous a saisis en 2019 sur la problématique des brulis, du défrichement et de l’érosion sur le territoire, pour alerter la classe politique sur ces problèmes », explique Naimoudine Ibrahim, chargé de mission environnement, tourisme et cadre de vie au CEEM. « Nous avons eu l’idée d’organiser un séminaire le 8 décembre 2021. D’ici là nous organisons des ateliers pour les restituer le jour du séminaire. On a pu rassembler la DEAL, la DAAF, l’ONF et les services du Département. L’idée c’est de responsabiliser tous les acteurs, d’alerter, d’inciter les administrations. Il faut faire quelque chose. On a besoin de travailler en synergie, d’avoir cette cohésion. On doit former un ensemble d’acteurs, et mutualiser les moyens » poursuit-il.
L’atelier de ce mardi portait sur la question de la communication, essentielle pour que les habitants comprennent les enjeux liés à la protection des couverts végétaux.
« L’idée c’est de réfléchir à des campagnes avec des mots simples pour induire un changement et une prise de conscience des populations. Il y a un public qui est déjà sensibilisé, d’autres s’en foutent carrément, d’autres ont pour priorité d’avoir à donner à manger à leurs enfants. Il faut leur dire que la forêt nous nourrit mais qu’il faut qu’on la respecte ».
En effet, les forêts secondaires paient le prix fort, face à une pression anthropique de plus en plus impactante.
Le foncier, tête baissée
« Aujourd’hui on peut dire que le couvert végétal à Mayotte a fortement baissé. Entre 2011 et 2016 c’est plus de 300 hectares qui sont partis. On a tendance à couper les grands arbres pour cultiver, et maintenant on y voit surtout de la banane et du manioc. Ce phénomène nous impacte beaucoup, notamment sur la qualité de l’eau mais aussi sur le climat : à une époque à Mayotte on arrivait à distinguer les saisons. Aujourd’hui on constate que toute l’année il fait plus chaud, car on ressent la disparition du couvert végétal » poursuit Naimoudine Ibrahim.
La rencontre a aussi conclu à la nécessité de « responsabiliser sur la question du foncier ». La majorité des terres défrichées sont propriété du Département, une petite partie est du domaine privé. Dans tous les cas, le recul des forêts n’est pas une fatalité. , « C’est comme une maison, la campagne doit sensibiliser les Mahorais au fait qu’un terrain, c’est une richesse. Il faut voir comment travailler avec les cultivateurs sur l’agroforesterie, leur dire qu’il existe des techniques qui permettent d’exploiter les terrains pendant plusieurs années avec des rendements progressifs, plutôt qu’avoir un rendement une année et plus rien au bout de deux ou trois années. C’est de l’agriculture durable » insiste l’animateur de la réunion.
Après avoir réussi à réunir tous les acteurs institutionnels, cette campagne de communication à venir doit joindre à la dynamique les premiers intéressés : usagers, éleveurs, cultivateurs, entreprises. Il faudra pour cela convaincre que grignoter le couvert végétal coûte plus que ça ne rapporte. Un vieux sujet, mais qui se fait de plus en plus pressant à mesure que l’eau potable se raréfie et que la population augmente.
Y.D.