Compagnie régionale, à capitaux réunionnais pour 52%, l’autre petite moitié étant mahoraise (CCI et Ylang Invest), Ewa Air a été touchée par la fermeture des frontières. Elle l’est toujours d’ailleurs si l’on regarde Madagascar.
La rencontre était bien sûr l’occasion d’aborder les enjeux stratégiques, alors que la compagnie Zena Airlines est annoncée depuis plusieurs mois, portée par deux locaux, les frères Novou, et que les dirigeants d’Air Austral dont Ewa est la filiale, ne semblent pas fermer la porte à une montée au capital des mahorais. « Bien que son capital soit détenu à 52% par Air Austral, rien ne s’opposerait à ce que le Département de Mayotte devienne actionnaire d’Ewa Air », indiquait à ce propos au CESEM Ayub Ingar. Les compétences locales y sont actuellement privilégiées : 100% des Personnels navigants commerciaux (PNC) sont mahorais, les tenues sont dessinées par une styliste mahoraise, les repas servis à bord sont élaborés à Mayotte et 12 jeunes personnels navigants commerciaux sont en cours de formation. et la CCI Mayotte en est actionnaire. Au final, les 40 salariés de la société sont installés dans notre île.
Le compte rendu du CESEM ne fait pas état de la possible concurrence d’une compagnie mahoraise, mais en filigrane, elle plane au-dessus des échanges, puisque les dirigeants d’Ewa ont souligné que « l’aérien est un métier que l’on ne saurait raisonnablement exercer qu’avec une expertise certaine » et que « la création d’une compagnie aérienne mobilise beaucoup de financement, capables de rassurer tout le monde ».
A court terme, Ewa a en projet l’acquisition de deux nouveaux avions type 737 pour exploiter deux nouvelles destinations quotidiennes Mayotte – Roland Garos/Pierrefonds ainsi qu’une liaison directe 2 fois par semaine Mayotte-Maurice. Un autre projet serait envisagé à moyen terme : déployer des vols charters vers l’Arabie Saoudite pendant les périodes de pèlerinage à la Mecque.
Les élus du CESEM ont demandé qu’il n’y ait pas « d’interactions possiblement négatives pouvant étouffer toutes nouvelles tentatives d’ouverture du ciel mahorais pouvant découler des rapprochements en cours entre Air Austral et Corsair Fly et d’autres compagnies.
Evidemment les tarifs des billets ont été abordés. Deux principales raisons sont avancées par les dirigeants d’Ewa pour expliquer les prix des billets : « la fixation des tarifs est le fait de la loi de l’offre et de la demande. Or, bien que les mahorais expriment de plus en plus le besoin de voyager, la demande locale (150 000 passagers/an) qui n’augmente que de 2% par an ne serait pas encore suffisante pour assurer un réel développement de l’activité » et ensuite, « les taxes et redevances aéroportuaires représenteraient à peu près la moitié du prix des billets et le coût annuel du Kérosène, 25 à 30 % des charges, 1 euro/litre contre, 0,47 euro/litre à la Réunion. »
En conclusion, tout en prenant note des nouvelles orientations de la compagnie Ewa Air sur la région, le CESEM estime qu’il est « d’une importance capitale que le Département tout comme l’ensemble des acteurs se mobilisent pour qu’une compagnie locale puisse voir le jour et dont la sphère décisionnelle relève des acteurs locaux ». Et appelle, pour le développement de l’aéroport, les collectivités locales compétentes et l’Etat à « œuvrer de concert avec les acteurs privés pour que les aménagements et infrastructures diverses puissent voir le jour », c’est à dire une zone de chalandise autours de l’aéroport et une offre d’hébergement.
A.P-L.