28.8 C
Mamoudzou
mercredi 22 janvier 2025

Le président du SMEAM juge « impossible d’augmenter la production d’eau de 3.000m3 d’eau par jour »

Les victimes de coupures d’eau ont pu se réjouir un peu vite de la communication ministérielle sur les 13 millions du Pacte sur l’eau. Il n’y aura pas de grosse amélioration à court terme de la production, nous dit Fahardine Ahamada, faute de moyens nécessaires face à « l’obsolescence » des installations. Il explique pourquoi il n’a pas signé le Pacte sur l’eau.

Le président du SMEAM et maire de Bandraboua est agacé des annonces du ministre des Outre-mer sur les 13 millions du Pacte pour l’eau. Sébastien Lecornu avait en effet rappelé la semaine dernière le soutien de l’Etat au redressement du Syndicat Mixte d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (SMEAM). Un communiqué qui semblait tombé du ciel, à un moment où de nombreuses coupures d’eau touchent les habitants du Nord au Sud, en raison d’une insuffisante capacité de stockage des réservoirs. La présidence du SMEAM l’a régulièrement rappelé, « les réserves sont suffisantes, ce sont les capacités de production qui sont en cause. »

C’est pourquoi le communiqué ministériel était le bienvenu, qui annonçait notamment « l’augmentation de la production d’eau potable de plus de 3.000m3 d’eau/jour d’ici décembre 2021 ». Provoquant l’étonnement du président du SMEAM, « personne de la préfecture ne m’a prévenu qu’une telle communication n’allait sortir », et sa colère, « ça ne tient pas debout ! On ne peut pas sortir 3.000 m3 d’eau. Les deux forages envisagés, dont Mirereni, se sont avérés impossibles à mener, et l’investissement de 1,5 million d’euros pour l’unité de traitement de l’eau de Dembéni a été sous-estimé, un bureau d’étude vient de la chiffrer à 6 millions d’euros. »

Unité de production du forage de Gouloue en 2011

« Le syndicat est sauvé »

De plus, le syndicat, et donc Mayotte en entier, paie le manque d’entretien des réseaux par la précédente équipe : « Toutes les installations sont obsolètes. Et cela concerne toutes les chaines : le captage, le traitement, le stockage et la distribution. Il n’y a pas eu d’investissement, cela demande beaucoup de moyens. » L’assainissement a finalement, et après moult péripéties, été délégué à Vinci.

Ce qui a permis de sortir au syndicat de sortir la tête de l’eau, c’est la subvention de 15 millions d’euros du conseil départemental votée en mars 2021, « grâce à ça, nous avons commencé à payer les fournisseurs, alors que j’étais très inquiet en prenant les manettes, je peux le dire maintenant, le syndicat est sauvé.

Il a sa petite idée sur la logique suivie par Sébastien Lecornu, et puisque lui et son équipe se sont engagés à la transparence, il la partage : « C’est parce que l’Etat voulait reprendre la maitrise d’ouvrage. J’ai refusé, je n’ai donc pas signé ce Pacte sur l’eau. Nous sommes en train d’éponger nos dettes grâce au conseil départemental, il faut maintenant mener un plan Marshall pour remettre à niveau toutes les installations d’eau potable. »

Dans ce sens, le Pacte énoncé par Sébastien Lecornu mentionne un « accompagnement du SMEAM par l’ingénierie de l’Etat pour les travaux d’urgence et les 8 principaux investissements sur les 5 prochaines années » et la poursuite du plan pluriannuel d’investissement pour l’eau potable et l’assainissement en actualisant et en précisant les objectifs, d’ici fin 2021 pour l’eau potable et 2022 pour l’assainissement.

Anne Perzo-Lafond

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

« On nous refuse tout ! « , le cri d’alerte des professionnels de santé libéraux de Mayotte

Un mois après le passage du cyclone Chido, les professionnels de santé libéraux dénoncent des conditions de travail "toujours intenables".

L’utilité des rapports parlementaires sur la gestion des risques naturels en Outre-mer

Le 27 mai 2024, il y a donc 8 mois, la commission d’enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d’outre-mer de l’Assemblée rendait son rapport. Idem pour la Délégation sénatoriale aux Outre-mer. Des feuilles de route sur les écueils à éviter et les préconisations à suivre. Avec en préalable, l’installation d’un radar météo.

Justice : un an d’emprisonnement avec sursis pour « un stagiaire du vol »

Le tribunal judiciaire de Mamoudzou retrouve petit à petit son rythme habituel après Chido. Ce mardi, un jeune homme de 22 ans a été jugé pour vol et tentatives de vols pour des faits qui se sont déroulés entre 2022 et 2024. Le sang du prévenu avait été retrouvé à La Poste, l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique (ADIE) et la bibliothèque de Dzoumogné.

À Mayotte, les prix des billets d’avion s’envolent…

Lors du passage du cyclone, l’aéroport a été ravagé, provoquant l’isolement aérien de l’île pendant plusieurs jours. La reprise des vols commerciaux le 1er janvier a permis à des familles séparées pendant le cyclone de progressivement se retrouver. Malgré cela, certains habitants tardent toujours à rejoindre l’archipel, en raison de la cherté des billets d’avion.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com