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Le président du SMEAM juge « impossible d’augmenter la production d’eau de 3.000m3 d’eau par jour »

Les victimes de coupures d’eau ont pu se réjouir un peu vite de la communication ministérielle sur les 13 millions du Pacte sur l’eau. Il n’y aura pas de grosse amélioration à court terme de la production, nous dit Fahardine Ahamada, faute de moyens nécessaires face à « l’obsolescence » des installations. Il explique pourquoi il n’a pas signé le Pacte sur l’eau.

Le président du SMEAM et maire de Bandraboua est agacé des annonces du ministre des Outre-mer sur les 13 millions du Pacte pour l’eau. Sébastien Lecornu avait en effet rappelé la semaine dernière le soutien de l’Etat au redressement du Syndicat Mixte d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (SMEAM). Un communiqué qui semblait tombé du ciel, à un moment où de nombreuses coupures d’eau touchent les habitants du Nord au Sud, en raison d’une insuffisante capacité de stockage des réservoirs. La présidence du SMEAM l’a régulièrement rappelé, « les réserves sont suffisantes, ce sont les capacités de production qui sont en cause. »

C’est pourquoi le communiqué ministériel était le bienvenu, qui annonçait notamment « l’augmentation de la production d’eau potable de plus de 3.000m3 d’eau/jour d’ici décembre 2021 ». Provoquant l’étonnement du président du SMEAM, « personne de la préfecture ne m’a prévenu qu’une telle communication n’allait sortir », et sa colère, « ça ne tient pas debout ! On ne peut pas sortir 3.000 m3 d’eau. Les deux forages envisagés, dont Mirereni, se sont avérés impossibles à mener, et l’investissement de 1,5 million d’euros pour l’unité de traitement de l’eau de Dembéni a été sous-estimé, un bureau d’étude vient de la chiffrer à 6 millions d’euros. »

Unité de production du forage de Gouloue en 2011

« Le syndicat est sauvé »

De plus, le syndicat, et donc Mayotte en entier, paie le manque d’entretien des réseaux par la précédente équipe : « Toutes les installations sont obsolètes. Et cela concerne toutes les chaines : le captage, le traitement, le stockage et la distribution. Il n’y a pas eu d’investissement, cela demande beaucoup de moyens. » L’assainissement a finalement, et après moult péripéties, été délégué à Vinci.

Ce qui a permis de sortir au syndicat de sortir la tête de l’eau, c’est la subvention de 15 millions d’euros du conseil départemental votée en mars 2021, « grâce à ça, nous avons commencé à payer les fournisseurs, alors que j’étais très inquiet en prenant les manettes, je peux le dire maintenant, le syndicat est sauvé.

Il a sa petite idée sur la logique suivie par Sébastien Lecornu, et puisque lui et son équipe se sont engagés à la transparence, il la partage : « C’est parce que l’Etat voulait reprendre la maitrise d’ouvrage. J’ai refusé, je n’ai donc pas signé ce Pacte sur l’eau. Nous sommes en train d’éponger nos dettes grâce au conseil départemental, il faut maintenant mener un plan Marshall pour remettre à niveau toutes les installations d’eau potable. »

Dans ce sens, le Pacte énoncé par Sébastien Lecornu mentionne un « accompagnement du SMEAM par l’ingénierie de l’Etat pour les travaux d’urgence et les 8 principaux investissements sur les 5 prochaines années » et la poursuite du plan pluriannuel d’investissement pour l’eau potable et l’assainissement en actualisant et en précisant les objectifs, d’ici fin 2021 pour l’eau potable et 2022 pour l’assainissement.

Anne Perzo-Lafond

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