C’est une histoire « rocambolesque » selon le président du tribunal Benoît Rousseau. Le 21 décembre dernier, une manifestation avait lieu à Koungou suite à une agression mortelle. Cette marche blanche contre la violence avait donné des idées crapuleuses à certains.
C’est ainsi qu’un scootériste approchant de la manifestation s’était retrouvé coincé par une voiture stationnée en travers de la route. Un des occupants de la voiture bloquant la route ordonne au scootériste de « dégager », mais ce dernier est bloqué par un autre scooter derrière lui. Là, le piège se referme. Un individu se jette sur lui et lui arrache son sac. Un autre, le prévenu jugé ce mercredi, saute sur son scooter, le fait chuter, et saute dessus encore à pieds joints jusqu’à détruire en partie la calandre et le phare avant. Le propriétaire du scooter prend la fuite et hèle une voiture de gendarmes qui passait non loin. Il leur désigne son agresseur, qui est interpellé sur le champ par un gendarme réserviste avant d’être embarqué dans le véhicule de patrouille.
Mais la situation se complique. Alors que le voleur a pris la fuite et que celui qui avait abîmé le scooter était menotté à l’arrière de la voiture des gendarmes, des pierres commencent à pleuvoir sur ces derniers. D’autres gendarmes arrivent en renfort et tirent des grenades lacrymogènes. La voiture tente de s’extraire, mais cale. Alors que le conducteur échange sa place avec un autre gendarme, l’interpellé profite de la confusion pour s’évader avec ses menottes aux poignets. « J’ai dormi avec la nuit suivante » expliquera-t-il au tribunal. Ce n’est que le lendemain qu’il parvient à les retirer, avec l’aide d’un chombo, et peut-être d’une tronçonneuse, selon ses déclarations. Pour le reste, il assure ne se « souvenir de rien », ayant bu selon des témoins « 300 euros de vodka et de vin » ce jour-là.
« Du courage ou de la folie de sortir »
La victime elle, fait part de son traumatisme après cet épisode violent. Un de trop. « Déjà je souhaite remercier la gendarmerie, car je ne suis pas mort. Or, il y a eu deux meurtres en 6 mois dans la commune de Koungou. S’il y avait beaucoup de gens ce jour là c’est parce qu’un médiateur avait été égorgé. En partant de chez moi j’ai vu une trentaine de personnes aiguiser des chombos sur la rampe où j’attache mon scooter. Cet homme était seul, mais il n’était pas vraiment seul, il était complice d’autres personnes, toute une foule profitait des manifestations contre l’insécurité pour faire des guet-apens » relate-t-il. “Quand je me demande si c’est du courage ou de la folie de sortir après une certaine heure, c’est un problème” poursuit-il.
Le prévenu lui ne sera retrouvé qu’en janvier. En juin, il a été condamné à 2 ans de prison ferme pour délit de fuite après un accident, port illégal d’uniforme, violences conjugales en récidive et violence avec usage d’une arme. Le parquet réclamait 11 mois de prison supplémentaire à son encontre. Il en a pris 6, qui s’ajoutent à ses 24 mois en cours. Libérable en juin 2023, il ne devrait finalement pas sortir avant 2024.
Y.D.