Des évacuations sanitaires de La Réunion vers Mayotte ? L’information paraît improbable et pourtant, le CHU de La Réunion l’a bien évoquée – quoique très évasivement- au sein d’un communiqué expliquant les difficultés dans lesquelles il se trouve face à l’épidémie de coronavirus. « Ce n’est absolument pas en discussion, j’ai effectivement lu ça dans la presse mais je ne sais pas comment c’est remonté. En tout cas certainement pas de la communauté médicale des deux îles », indique un peu surpris Ludovic Iché, responsable du pôle Evasan au Centre hospitalier de Mayotte.
Et le médecin de détricoter « l’information ». D’abord, « on sait que depuis des semaines le système de soin de La Réunion est en tension, mais envisager d’évacuer des patients vers Mayotte sachant que notre système de santé est très fragile n’est pas concevable. Et les deux communautés médicales sont d’accord là-dessus ».
Mais alors, d’autres autorités seraient-elles capables de passer outre ce consensus médical ? Non plus, répond le cadre du CHM. « Si une voix plus politique ou administrative venait à nous consulter, ce ne serait pas pour imposer ce genre de décision mais bien pour déterminer de quelle manière nous pouvons aider, de manière à ce qu’ils fassent ensuite les arbitrages », détaille-t-il. « La Réunion a des très bonnes structures, elle est en capacité d’augmenter fortement ses capacités. En revanche, ce qui peut commencer à faire défaut c’est la ressource humaine. Donc concrètement, s’il faut aider La Réunion ce serait en envoyant du personnel », explique encore le médecin.
Préserver un maximum de capacités
Et même quant à cette dernière éventualité, la question se pose. « Il faudrait faire le point entre les services mais nous ne sommes pas en période de sureffectif. Ce sont donc des choses qui se traiteraient au cas par cas si des demandes officielles arrivaient. Sachant que chez nous aussi, le manque de personnel peut vite être la problématique », poursuit Ludovic Iché.
D’autant que si le territoire est jusqu’à présent préservé d’une nouvelle flambée épidémique, rien ne permet d’assurer que cela va durer. Raison de plus pour préserver un maximum de capacités. « Déjà de un, permettre à nos équipes de se reposer un peu car on ne sait pas ce qu’il peut se passer dans quelques semaines et de deux, il faut être très vigilants car les effectifs sont toujours en relative tension en période d’été »
G. M