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Pour lutter contre le phénomène des « infirmiers sac-à-dos », les formations locales s’étoffent

18 infirmiers viennent de sortir diplômés de l'école située au sein du CHM. Une réussite à saluer malgré des conditions d'études compliquées par la crise sanitaire qui a vu ces étudiants transformés en aide-soignants pour renforcer les services. Cette nouvelle promotion témoigne de la volonté de former de plus en plus de professionnels mahorais et de réduire le turn-over dans les services.

Confrontés à un important turn-over, le CHM, ainsi que tous les services de santé de Mayotte, ont besoin de former en local, pour moins dépendre des recrutements extérieurs. C’est ce qui explique la montée en puissance de l’institut de formation en soins infirmiers (IFSI) du CHM depuis sa création.

« L’institut a été créé en 1977, il est devenu une école d’aide soignants en 1992 et un IFSI en 2001 », relate Josiane Henry, directrice des soins en charge de l’institut de santé du CHM. « La dernière école née ici est l’école de puéricultrices diplômées d’Etat, qui est une spécialité pour les infirmiers diplômes d’Etat, en 2016 ».

Depuis sa création en 2001, l’IFSI de Mayotte est monté en puissance, passant de 10 élèves par promotion à ses débuts, à 30 ces dernières années. A la rentrée prochaine, l’institut en accueillera 35 grâce aux financements issus du plan de relance.

La responsable de formation salue le travail de tous les élèves malgré le contexte

Une progression qui est prise avec discernement par la responsable, qui rappelle que les besoins estimés sont « de 120 infirmiers par an, on est loin du compte. Il y a le Croix Rouge, la santé scolaire, les PMI… Et encore, on aurait besoin de réajuster ce besoin, le Carif Oref mène une étude pour établir le vrai besoin en personnel sanitaire et social » détaille-t-elle.

Face à un tel manque, les 18 diplômés de cette session sont plus que bienvenus. Une dizaine d’autres, recalés à l’examen, devraient être diplômés au rattrapage. « Ces difficultés sont explicables » assure la formatrice. « Cette promotion a été marquée par l’épidémie de Covid, les étudiants ont été très touchés par les contraintes de l’épidémie, ils ont été mis dans les services et ont fait office d’aide soignants pour renforcer les études, ce n’était pas de vrais stages. La 2e vague de septembre a été très forte, l’équipe a été obligée de se numériser, on a passé le virage numérique et mis en route un tas de nouveaux outils numériques. Les étudiants ont accusé tout ce changement, ils ont tous du mérite et ont beaucoup travaillé ! »

A ces 18 premiers diplômés s’ajoutent ceux qui ont pu être formés en métropole grâce aux partenariats noués avec le département-région de Mayotte et la région Occitanie.

« On a ouvert des partenariats régionaux avec le conseil régional de Mayotte avec l’Occitanie, on y a délocalisé 15 étudiants en plus des 30 de Mayotte. Nous les recrutons et on les positionne à Toulouse pour 3 ans. Les premiers diplomés d’Etat sont sortis en même temps que les autres. Ils ont signé un engagement avec le conseil régional de Mayotte qui finance intégralement ces formations délocalisées. » Ainsi, ces élèves s’engagent contractuellement à exercer à Mayotte pour au moins trois fois la durée de leur formation, soit 9 ans minimum. 12 si un élève a repiqué une année.

De plus en plus d’infirmiers spécialisés mahorais à venir

18 diplômés, soit près de 2/3 d’élèves reçus en première session. Un succès au vu des difficultés rencontrées depuis 2020.

A la rentrée prochaine, Mayotte formera donc 35 élèves au CHM, plus 15 à Toulouse, et un nouveau partenariat permettra d’en placer 15 de plus dans un IFSI proche de Dijon, « ce qui portera à 65 étudiants, on se rapproche des 120. On est petits ,certes, mais on ouvre des partenariats qui nous permettent de recruter » salue la formatrice.

De quoi progressivement faire face au turn-over.

« Actuellement Mayotte est obligée de recruter des infirmiers à l’extérieur, on les appelle les infirmiers sac à dos, en raison de l’insécurité. Un infirmier reste 2 ans en moyenne, voire un an et parfois moins pour les infirmiers spécialisés qui restent trois à 6 mois » regrette la cadre de santé. Pour elle, tout l’enjeu « c’est d’avoir des infirmiers diplômés d’Etat qui ont leurs intérêts financiers et moraux à Mayotte ».

« Par ailleurs Mayotte manque énormément d’infirmiers spécialisés, donc à partir de cette année on passe à un effectif de 15 futurs infirmiers puériculteurs par an (contre 15 tous les deux ans actuellement NDLR). Pour les infirmiers de bloc et anesthésistes qui manquent cruellement à l’hôpital, nous avons décidé d’ouvrir un partenariat avec l’école de Brest. Dès la rentrée 2021 on propose une préparation intensive aux infirmiers de Mayotte qui veulent se présenter à ces concours qui sont très difficiles et dont la formation débouche sur un master. On espère ainsi avoir plus d’infirmiers de Mayotte qui vont réussir ces concours, et qu’ils vont rester au moins trois fois la durée de leur formation à Mayotte. »

D’ici là, des infirmiers issus des précédentes promotions auront probablement réussi l’école des cadres et intégré l’équipe formatrice. Ainsi un cadre mahorais a été recruté comme formateur en juin dernier. Un autre pourrait suivre en septembre. Autant de pas en plus vers un parcours de santé moins saccadé, et moins sac-à-dos.

Y.D.

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