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Mamoudzou

Un échantillon de volcan comme prix aux « Olympiades de Géosciences »

Le Covid a bien failli gâcher l’événement deux années de suite. Mais grâce à la ténacité des organisateurs, des élèves de 1ère générale de 4 lycées, Bamana, Sada, Chirongui et Petite Terre ont pu concourir. Ils ont eu droit à un exposé de tous les métiers en rapport avec les phénomènes naturels de l’île. Arrivée en tête, Assina Youssouf partira concourir en métropole.

L’épreuve écrite des « Olympiades de Géosciences » de 4 heures portait sur 3 questions qui s’appuient sur des programmes de collège, de seconde générale et de première scientifique. Elles ont eu lieu en métropole et sur l’ensemble des Outre-mer, de mars à avril.

La remise des prix se tenait dans l’amphithéâtre du lycée des Lumières ce mercredi, et couronnait largement le lycée Bamana qui raflait les 3 premières places. En tête avec 38 points sur 40, Assina Youssouf, qui jongle avec les matières scientifiques : « Au début, c’est la biologie qui m’intéressait, puis j’ai évolué vers la géologie. Je me suis largement appuyée sur la documentation jointe aux questions, qui portaient sur la formation de la grêle, le débat entre humanitaire et communautaire et les gisements de cuivre ». Pas loin derrière elle, à quelques points, Anjara Sitraka Rabe, qui pose aux côtés de la 3ème, Lucile Anedda. Leurs enseignantes de SVT Victoria Magny et Hadidja Mbae ne sont pas étrangères à ce succès.

Laurence Comte, Inspectrice d’académie et inspectrice pédagogique régionale, organisatrice des Olympiades, nous explique la suite des évènements qui se passeront à Paris : « Les copies des vainqueurs de chaque académie partent au national où elles seront recorrigées, avec à l’issue, un nouveau classement. Nous croisons les doigts ! »

Exposé par Charlotte Mucig de l’ensemble des métiers proposés par le BRGM

Des séismes qui font aussi naître des vocations

Avant la cérémonie, les élèves ont pu bénéficier d’un exposé détaillé des métiers des géosciences en rapport avec les phénomènes naturels de Mayotte, par Charlotte Mucig, à la tête du Bureau de Recherches Géologiques et Minières de Mayotte. De quoi faire son marché pour plus tard pour ces premières scientifiques. Que ce soit la géologie, « qui nous permet en étudiant les roches, de savoir dans quelle zone implanter une carrière », la minéralogie, « qui par l’étude de la structure des minéraux, donne des indications sur la profondeur de la chambre magmatique ».

Les élèves apprenaient ainsi qu’un houlographe (mesure de la houle) allait prochainement être installé à Mayotte, ou encore que le trait de côte sur un endroit de Koungou avait reculé de 50 m de 1949 à 1997… on attend les nouvelles mesures depuis la subsidence (enfoncement) de l’île.

Evidemment la sismologie et la volcanologie étaient mises en valeur, « Mayotte est un territoire riche en sujets qui ne demandent qu’à être explorés. A vous de vous lancer ! », concluait Charlotte Mucig.

Lui succédait l’enseignant Jocelyn Jacquot, qui faisait embarquer son auditoire à bord du « Pourquoi pas ? », où il a passé quelques semaines en décembre-janvier pour la mission Sismaore d’exploration des fonds sous-marins, relaté sur un blog mis à disposition par le rectorat. « les élèves avaient quasiment les réponses en temps réel à leurs questions ».

Accident de décompression chez les poissons

La vingtaine d’élèves participants au concours

Comme il le résumait, « nous avons eu beaucoup de chance que ce volcan de 800m de haut sorte au fond de l’eau à 50km de là », grâce à la sortie en dérivation du magma, car la chambre magmatique était très proche de Petite Terre.

Les élèves ont pu retrouver la synthèse des éléments qui ont fait dire qu’il se passait décidément quelque chose de grandiose : les séismes ressentis dès mai 2018, les poissons remontés morts à la surface « dont l’autopsie soulignait leur mort par accident de décompression pour avoir été effrayés par quelque chose au fond », les 3 séismes basse fréquence propagés dans le monde entier et enregistrés notamment par l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis, « qui indiquait la présence de magma dans une grosse chambre magmatique », et enfin, l’accélération du déplacement et de l’enfoncement de l’île, qui s’est calmé depuis.

Nous avons d’ailleurs publié ce mercredi les premières photos sous-marines prises par la mission Geoflamme à 2 mètres du volcan.

Les opérations de remontée de carottes de sédiments présentées par Jocelyn Jacquot

L’exposé se concluait sur une vidéo des activités menées à bord du « Pourquoi Pas ? », et notamment des métiers maritimes, « qui doivent aussi intéresser les filles, le chef mécanicien à bord était une femme ».

Les 18 premiers aux Olympiades recevaient un échantillon de roche remonté des profondeurs, un cadeau émouvant pour Naël : « Même si je sais qu’à Mayotte les pierres de lave ne sont pas rares, là, ça me fait quelque chose car elle vient du volcan directement et de cette mission Sismaore. »

Anne Perzo-Lafond

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