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Océan Indien : le porte-avions Charles de Gaulle voyage dans le passé le temps d’un exercice

Le groupe aéronaval organisé autour du porte-avions nucléaire français a fait un bond de 40 ans dans le passé. Le temps d'un exercice, le bâtiment et son escorte ont renoncé aux technologies récentes pour n'utiliser que des technologies radio, dépassées mais moins faciles à pirater.

Qui se souvient du film Nimitz, sorti en 1980 ? Ce long-métrage, entre film de guerre et de science-fiction, imagine le périple d’un porte-avions nucléaire, l’USS Nimitz, qu’une mystérieuse tempête propulse en pleine seconde guerre mondiale dans le Pacifique sud, offrant des combats inégaux contre les Japonais.

L’exercice mené par le Charles de Gaulle et son escorte dans l’Océan Indien n’a rien d’aussi spectaculaire. Au contraire, il vient présenter la technologie comme un facteur de risque. Ces dernières semaines « à la fin du mois d’avril », le GAN, groupe aéro-naval constitué autour du Charles de Gaulle, s’est coupé du monde pour naviguer, deux jours durant, avec uniquement des technologies radio des années 1980, explique la Marine nationale. « Prévoir le futur en retournant dans le passé, tel était l’objectif de l’exercice « Back to the 80’s », qui s’est déroulé en avril sur le porte-avions Charles de Gaulle. Objectif : permettre au GAN, concentré de technologies de pointe, de faire face à la sensibilité des liaisons satellites et aux menaces de demain » écrit la Marine sur sa page Facebook.

En clair, les technologies satellites qui régissent autant les communications que la navigation sont désormais jugées trop peu sures pour s’y fier à 100%, et l’armée a voulu que ses équipes soient prêtes à s’en passer s’il fallait affronter un ennemi capable de pirater ces outils-là.

« L’investissement de nouveaux champs de conflictualité, dont l’espace fait partie, rend en effet de plus en plus sensibles les liaisons satellitaires. Afin de conserver tout son potentiel en combat de haute intensité, il est impératif pour le GAN, concentré de technologie dernière génération, de s’y préparer.

En océan Indien dans le cadre de la mission CLEMENCEAU 21, le porte-avions et son escorte se sont ainsi volontairement placés en bulle d’opacité. Pendant 48 heures, tous les réseaux dépendants de la liaison satellitaire, notamment le téléphone, internet et intranet, ont été coupés, restreignant les échanges vers l’extérieur » explique plus en détail le site du ministère de la Défense.

Les navires n’ont pas pour autant vogué à l’aveugle, mettant à profit la présence française dans l’océan Indien pour assurer des relais de communication.

Navigation sans GPS, tout un programme
(©Jean-Philippe Pons/Marine Nationale/Défense)

« La bulle dans laquelle s’est placé le groupe aéronaval est loin de constituer une rupture de communication. Pour pallier l’absence de satellite, les spécialistes des systèmes d’information et de communication à bord ont mis à profit  les liaisons à haute fréquence. Plus contraignant qu’une liaison satellite, ce dispositif, qui s’appuie sur des centres-relais sur le territoire métropolitain, outre-mer et à l’étranger, présente néanmoins plusieurs avantages : il s’agit d’une technologie qui reste fiable, discrète et résistante au brouillage. »

Depuis sa « bulle », le GAN a mené des manœuvres et atteint une cible fictive à terre -sans qu’il soit précisé où exactement- et la mission « Back to the 80s » est qualifiée de « réussite ».

La mission « Clémenceau 2021 » dans laquelle s’inscrivait cet exercice est en lien avec la task-force 473 qui lutte contre la piraterie et le trafic de drogue dans la zone.

Y.D.

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