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Mamoudzou

Attaque du commissariat : l’œuvre d’un marginal sans motivation religieuse

Deux jours après l'attaque à l'arme blanche survenue au commissariat, la motivation terroriste semble définitivement écartée, le parquet terroriste ayant jugé inopportun de se saisir de l'affaire. Un juge d'instruction de Mayotte enquête désormais sur ce qui pourrait être une tentative de suicide par police interposée.

L’homme interpellé le 6 avril vers 11h au commissariat après avoir attaqué un policier a-t-il tenté de tuer, ou de se faire tuer ? C’est un des points que devra éclaircir le magistrat instructeur, saisi de faits de tentative de meurtre à ce stade.

Ce jeudi soir, le procureur Yann Le Bris tenait une conférence de presse pour faire le point sur les avancées de l’enquête concernant cette attaque, peut-être trop rapidement qualifiée de « terroriste ».

A l’origine de cette supposition, le témoignage de policiers qui ont entendu l’homme crier « Allahou Akbar ». Selon le procureur, il ne s’agirait toutefois que d’une partie d’un ensemble de vociférations prononcées par l’individu.

Après deux jours d’enquête, d’auditions, d’expertise psychiatrique et d’une analyse minutieuse de ses fréquentations, il ressort plutôt le portrait d’un homme destructuré, « en voie de marginalisation, voire de clochardisation » dit le procureur. Un homme qui se dit musulman mais ne semble pas vraiment pratiquant et ne fréquente pas de mosquée particulière. De toutes les auditions, rien ne permet de déduire une motivation religieuse ou politique de son passage à l’acte. Tout au plus selon le parquet, l’homme a-t-il voulu « faire parler de lui et de sa situation ». Et si le parquet de Mamoudzou a travaillé en lien serré avec le parquet antiterroriste de Paris, ce dernier n’a pas retenu l’affaire comme étant de sa compétence.

C’est plutôt en effet la situation du jeune homme d’une trentaine d’années, pour le moins précaire, qui serait l’élément déclencheur. L’homme, ressortissant israélien natif des territoires palestiniens, résidait jusqu’en 2020 en métropole où il était détenteur d’un titre de demandeur d’asile. Il s’était rendu à Mayotte pour un emploi qu’il a perdu en raison de sa fragilité psychologique, avant de s’isoler totalement dans un banga, et d’y développer un début de « délire de persécution ».

Une tentative de suicide par police interposée ?

Autre point notable, le commissariat n’était pas spécialement visé. L’homme s’était d’abord rendu à la Poste, puis devant un restaurant, avec à chaque fois l’intention de « se faire remarquer ». En passant devant le commissariat, il a vu une voiture de police franchir le portail et a profité de l’occasion pour s’y engouffrer. Là il a sorti de sa veste une fourchette à barbecue à deux pointes (et non une pioche comme on a pu le lire par ailleurs). Un policier a tenté de le maîtriser à l’aide d’un Taser, ce qui n’a fait qu’énerver l’individu qui s’est jeté sur le fonctionnaire, le faisant chuter, avant de lui porter plusieurs coups. Le policier n’a heureusement pas été blessé par l’arme. Il a reçu 8 jours d’ITT pour des dermabrasions liées à sa chute, et il est surtout « très choqué » note le procureur.

Yann Le Bris a confié l’enquête à un juge d’instruction qui a mis l’homme en examen pour tentative de meurtre

En résumé, il s’agit selon toute vraisemblance d’un acte isolé, d’un individu qui ne présente pas d’altération du discernement selon le psychiatre, mais une personnalité très fragile et une situation d’isolement total. Sans motivation religieuse aucune, il dit surtout avoir voulu alerter sur sa détresse. Le parquet a émis l’hypothèse que le suspect ait pu souhaiter en finir avec la vie, s’en prenant à un policier avec l’espoir de se faire tirer dessus.

Mis en examen pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique dans une enceinte administrative, il a été placé en détention provisoire dans l’attente de son jugement.

Y.D.

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