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10 ans de la départementalisation : les sénateurs appellent à retrouver un front commun « pour poursuivre le travail »

« Ce n’est pas au préfet de faire la pluie et le beau temps à Mayotte », «il faut dépoussiérer certaines pratiques, bousculer les choses pour que chacun agisse dans son domaine de compétence sur le territoire ». Les mots de Thani Mohamed Soilihi puis d’Abdallah Hassani sont différents. Et témoignent pourtant d’un même constat : le processus de départementalisation ne peut-être considéré comme achevé.

« Il faut retrouver l’unanimité qui était à la base du projet pour continuer le travail, parler d’une même voix pour que Mayotte bénéficie de tous les outils d’un département-région », plaident-ils d’une même voix. Et s’en serve : « j’attends désormais du département qu’il devienne le véritable chef de file des politiques publiques de développement social, économique et durable sur le territoire », fait valoir le sénateur Thani quand son collègue appelle à « ne plus critiquer l’État si dans le même temps nous ne faisons pas le travail ».

Le conseil départemental est appelé à prendre pleinement ses prérogatives de département-région.

Pour les deux habitués du Palais du Luxembourg, la poursuite de la réforme institutionnelle est donc une priorité qui doit mobiliser l’ensemble des élus « pour que nous puissions enfin définir nous-mêmes nos priorités », plaide le sénateur Abdallah. « Les assises de la sécurité, initiées par les acteurs locaux ont été un bon modèle pour cela, il faut continuer dans ce sens pour obtenir le socle institutionnel qui nous permettra d’engager les politiques qui nous correspondent », poursuit-il. « C’est cela qui permettra de gagner en cohérence et en visibilité à toutes les échelles de la vie publique locale, avec un département-région agissant notamment en coordinateur », ajoute le sénateur Thani, pour qui « le statu-quo

actuel où les fonds européens, par exemple, sont encore en majorité gérés pas la préfecture n’est pas acceptable ». Ce à quoi son collègue répond qu’il « nous faut pour cela plus de techniciens pour espérer prendre en main les différents dossiers ».

« Au fond tout ce que nous demandons c’est l’égalité »

« Le département n’a que 10 ans quand en métropole, il y a deux siècles d’historique et 80 ans dans les autres département d’outre-mer, il faut aussi remettre les choses en perspective et admettre que déjà, beaucoup de choses ont été faites en si peu de temps », tempère à son tour Thani Mohamed Soilihi. Lequel se dit également satisfait de voir la voix de Mayotte plus entendue depuis le référendum, prenant exemple sur « l’accélération de la convergence sociale sous Hollande, même si ce n’est pas terminé » ou plus récemment avec « le plan de convergence, la plus large application du Code du travail, une ARS et un rectorat de plein exercice ». Côté infrastructures, le sénateur Abdallah rappelle que « les dossiers du port de Longoni ou de la piste longue qui sont des projets historiques de Mayotte avancent ».

« Pour autant, est-ce que l’on doit se contenter de ça pour notre avenir », questionne-t-il, de manière plutôt rhétorique. À l’évidence non selon son homologue : « l’immigration reste toujours incontrôlée et Mayotte est devenue le territoire le plus criminogène d’Europe. Ce n’est pas anodin et l’État doit prendre ses responsabilités face à cela ». « Au fond, tout ce que nous demandons, c’est l’égalité, ce qui n’est en principe pas un vain mot en France », poursuit-il. Une égalité institutionnelle, qui doit permettre de gagner en autonomie locale, et une égalité de traitement quant aux domaines régaliens de l’État.

Certains dossiers, comme celui de la piste longue avancent, se réjouit le sénateur Abdallah.

« Il faut que cet anniversaire reste perçu comme une victoire, car c’en est évidement une, pour autant il nous faut retrouver la cohésion qui nous a amené là pour poursuivre le travail », conclut Abdallah Hassani, rejoint par Thani Mohamed Soilihi : « cette cohésion est un élément central de notre histoire, qui nous a offert de belles victoire dans notre attachement à la France. Poursuivre le projet ne se fera pas sans cette cohésion ».

G.M.

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