Le Crous, c’est pour bientôt, le CHU, c’est pas pour tout de suite. L’offre de formation universitaire à Mayotte se développe, mais trop d’exigences pourraient décourager les décideurs et le public en même temps avertit Gilles Halbout le recteur. Ce dernier s’exprimait ce jeudi lors du lancement du schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, porté par le Département et le rectorat notamment.
Pas question notamment à l’occasion de ce premier comité de pilotage de laisser dire que Mayotte est restée inactive, 10 ans après sa départementalisation.
« Puisqu’on va fêter les 10 ans de la départementalisation, c’est l’occasion de rappeler que des choses ont été faites, comme la création de ce centre universitaire, malgré parfois la mécompréhension et le manque de dialogue des uns et des autres » soulignait le recteur.
« Depuis quelques temps, nous avons changé notre manière d’appréhender l’enseignement supérieur la recherche et l’innovation », assure encore ce dernier. « Parce que le rectorat a été créé, aujourd’hui Mayotte est une vraie région académique avec la compétence sur la recherche et l’innovation qui jusque 2020 étaient des sujets pilotés depuis La Réunion.
Ce changement a aussi entrainé un changement d’attitude de l’Etat dans notre rapport au département. Quand je suis arrivé, je suis venu vous voir en disant mais où est votre schéma ? Notre volonté aujourd’hui est de partir de votre schéma pour développer le CUFR.
Depuis 2 ans que je suis ici, rien n’avance au niveau de l’éducation et de l’enseignement supérieur sans qu’on n’en ait parlé tous ensemble. »
Le capitaine du bateau Education Nationale et Enseignement supérieur exposait ensuite sa vision pragmatique de ce que devrait être le schéma à venir.
» La recherche doit se développer en lien avec les besoins du monde socioéconomique, et pas n’importe comment. Dans un territoire qui se développe il nous faut une offre de formation qui corresponde aux besoins de l’île et qui réponde aux enjeux. Nous voulons développer l’aérien, il nous faut un pôle de formation aux métiers de l’aérien. On veut développer le port, il nous faut des formations autour des métiers de la mer.
Ensuite Mayotte se construit, il nous faut un vrai pôle autour des métiers du bâtiments, avec le magnifique projet de construction du lycée de Longoni. Nous allons développer aussi le numérique. » Il faut enfin selon lui une « réflexion commune aussi sur l’accompagnement des étudiants, et l’offre en matière d’enseignement supérieur ».
« Il faut avoir un discours cohérent, responsable, raisonnable »
Et ce dernier d’appeler à la patience et à la raison, face à un sujet qui cristallise toutes les ambitions du territoire.
« On ne peut pas demander à Mayotte après 10 ans de départementalisation d’être au même niveau que La Réunion. La Guyane n’a une université autonome que depuis quelques années. Il faut avoir un discours cohérent, responsable, raisonnable. J’entends des élus dire qu’il faut nous un CHU demain, la Réunion a attendu longtemps pour en avoir un, et toutes les formations de santé n’y sont pas déployées. Soyons réalistes sinon nous enverrons un message décourageant à nos tutelles et aux Mahorais qui nous écoutent. Nous sommes dans une phase de développement, il faut expliquer que les choses se construisent étape par étape. »
En résumé le recteur plaide pour une « perspective réaliste mais aussi rassurer la population en disant : on tient le cap ! »
Les travaux concernant ce schéma doivent donner lieu à des propositions concrètes au plus tard en septembre prochain, et à des conclusions définitives en octobre ou novembre. La majorité départementale représentée ce jeudi par le vice-président en charge de l’enseignement supérieur Ali Debré Combo ambitionne toutefois d’arriver à des résultats bien avant. En effet le schéma aura cette particularité de se construire à cheval entre deux mandature, puisque les travaux seront conclus après les prochaines élections départementales. C’est donc le moment pour l’équipe en place de donner un dernier coup de collier afin de laisser son empreinte sur l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation à Mayotte, et donner un cap pour les étudiants de demain.
Y.D.