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vendredi 17 janvier 2025

Combani-Miréréni : un clip de rap à l’origine des violences ?

Explicite et menaçant, un clip de rap serait à l'origine du regain de violences entre Combani et Miréréni. Des bandes de jeunes armés s'y affrontent, et les habitants en font les frais. Une voiture a encore été brûlée jeudi dernier.

De nouveaux affrontements ont bloqué la route de Combani jeudi dernier dans l’après-midi, et causé des dégâts, parmi lesquels une voiture brûlée. Un regain de violence qui désespère les habitants, alors qu’une accalmie se faisait sentir depuis quelques mois.

Ces nouvelles échauffourées donnent un air cyclique à ces violences entre bandes rivales. Pourtant à en croire les habitants, les causes sont presque aussi variées que les bagarres sont nombreuses.

Des jeunes se mettent en scène armés sur Internet (capture)

Il y a des tensions très prosaïques, comme le différend entre les deux villages contraints de se partager un unique cimetière. En décembre dernier, des habitants de Combani avaient ainsi manifesté pour tenter d’interdire à « ceux de Miréréni » de traverser le village, et réclamer un cimetière à Combani. Mais le plus souvent, ce sont de bêtes enchaînements d’agressions et de représailles qui sont en cause.

Selon cet habitant, c’est ce qui se serait passé jeudi dernier. « Des gars de Miréréni sont entrés dans le village de Combani et sont tombés dans un guet apens. Ca s’est poursuivi jusqu’en bas du village de Miréréni et en fin d’après midi des gens de Miréréni sont allés se venger. »

Résultat, pas moins de deux heures de bouchons, avec pour les automobilistes coincés l’angoisse de se retrouver piégés au milieu de caillassages.

Plus largement, des tensions communautaires sont évoquées à demi mot pour expliquer ces différends à répétition. Combani, « village de Grands Comoriens » et Miréréni, « plutôt anjouanais » selon le même habitant pour qui « l’énorme rivalité » remonte « à depuis toujours ».

Rivalité ne veut pas forcément dire violence, et heureusement. Mais entre les deux villages,

« Dès qu’il y a une étincelle ça prend des proportions de fou » déplore cet habitant, sous couvert d’anonymat.

Cette fois, l’étincelle serait un clip de rap, accusé d’avoir mis le feu aux poudres. Publié début février sur YouTube, le clip totalisant déjà plus de 83 000 vues met en scène un rappeur qui se présente en leader d’une bande armée de machettes et autres haches. Entrecoupé d’extraits de journaux télévisés, d’images de gendarmes et de menaces explicites, le clip est clairement un appel à la violence. Selon notre témoin des événements, le clip  « dit en gros ‘si tu rentres dans ma zone je te massacre’, ça a été suivi d’agressions et il y a eu un effet boule de neige ». Selon nos informations le rappeur fait partie d’une liste de fauteurs de trouble présumés, en lien avec les violences de septembre dernier et autour du lycée de Kahani, liste qui a été transmise par la municipalité au bureau du procureur en décembre. Le procureur Yann Le Bris confirme recevoir « régulièrement » des listes de ce genre, toutes « transmises pour enquête ».

En attendant les éventuelles suites judiciaires, cette guéguerre incessante a aussi glissé sur le terrain numérique. La semaine dernière, des jeunes ont réalisé un autre clip en réponse au premier, avec un ton guère moins belliqueux. Parlant de « guérilla », on y voit notamment un jeune verser de l’essence sur un feu. Même plus besoin de métaphore.

Y.D.

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