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Confinement et motifs impérieux : l’enfermement ou le variant

Réguler (ou pas) les déplacements hors Mayotte, confiner (ou pas) les habitants qui saturent… les choix pour les autorités, à quelque niveau de ce soit, sont à variables et à critiques multiples. Avec un but qu’il ne faut pas perdre de vue : préserver les capacités médicales.

Depuis quelques jours, Mayotte oscille entre plateau épidémique et plateau technique saturé à l’hôpital. Le confinement décidé il y a 2 semaines, est différemment respecté, comme l’était le 2ème opus en France, qui jouait la carte de l’économie en autorisant quantité de dérogations. En pourtant, les indicateurs semblent se stabiliser. Le préfet Jean-François Colombet va devoir prendre une décision avant son échéance annoncée à la fin de cette semaine. Quelle qu’elle soit, elle sera critiquée.

Lever les contraintes de circulation alors que l’hôpital était il y a encore 48h en tension maximale, et les soignants vont monter au créneau, les maintenir, et c’est le monde économique qui va se faire entendre.

La circulation hors territoire est aussi sous les feux de l’actualité. Les motifs impérieux, pris logiquement pour freiner la diffusion d’un variant sud-africain qu’on connait mal, sont désormais dénoncés, notamment par l’ancien secrétaire d’Etat des outre-mer UMP, Yves Jégo. Il reproche au gouvernement d’assimiler les territoires français ultramarins aux pays extérieurs à l’Union Européenne : « La mesure soumettant l’accès et le départ de ces territoires aux motifs impérieux est injuste, brutale et catastrophique pour l’économie de nos départements océaniques. » Cependant il avance que « avant cette décision, de nombreux touristes se sont rendus en fin d’année aux Antilles ou à La Réunion, sans effet sur la pandémie ». La directrice de l’ARS Mayotte, Dominique Voynet, n’est pas aussi affirmative, qui évoque le possible impact de ces arrivées sur la diffusion du virus et de ses variants à La Réunion.

Yves Jégo à Mayotte en mars 2008

Confiner le temps de s’organiser

L’objectif de ces restrictions, qu’elles soient internes avec le confinement, ou externes au territoire avec d’impérieuses nécessité, ne doit pas être perdu de vue. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), par la voix de l’envoyé spécial de son directeur général le rappelait dans une note d’avril 2020 : « Le seul moment où nous pensons qu’un confinement est justifié, c’est pour vous permettre de gagner du temps, pour vous réorganiser, vous regrouper, rééquilibrer vos ressources, pour protéger vos personnels médicaux qui sont épuisés. Mais dans l’ensemble, nous préférons ne pas le faire ». Car l’OMS met en garde, « ces mesures peuvent avoir un impact négatif profond sur les individus, les communautés et les sociétés en mettant quasiment un terme à la vie sociale et économique ». Et alors que, nous le rappelons régulièrement, la grippe hivernale avait fait en France 67.000 morts rien que sur le mois de janvier 2017 (INSEE). Le Covid en a provoqué 84.000 sur 13 mois.

L’insuffisante dotation médicale à Mayotte, que nous devons à l’ancienne concentration des moyens dans une ARS Océan Indien castratrice pour Mayotte, a été mise au grand jour par cette épidémie. L’arrivée de moyens annoncés par le gouvernement doit inciter à regarder la situation hospitalière à Mayotte sous un autre jour, et les ajustements et la « réorganisation » des services en cours, doit être interrogée pour savoir s’ils permettent ou pas, de lever le pied progressivement. Car, et c’est toujours l’OMS qui le dit, sans phase transitoire de retour à la normale, des « résurgences incontrôlées du Covid peuvent « amplifier une nouvelle vague ».

Quant aux restrictions de voyage pour sortir de Mayotte, on peut penser que la levée des motifs impérieux est conditionnée par la diffusion ou non du variant 501Y.V2 (Sud-Africain) en métropole. Selon Santé publique France, elle avoisine les 10% dans 8 départements, contre 36% pour le variant anglais. Aux autorités de santé de juger si l’implantation avérée du variant Sud-Africain en Hexagone permet d’alléger les motifs impérieux pour n’utiliser que le test PCR pour quitter Mayotte, comme le préconise Yves Jégo.

Confinement partiel le week-end à Nice

Les capacités hospitalières comme arbitrage

Le territoire qui nous intéresse particulièrement ces derniers jours, c’est celui des Alpes-Maritimes. Nous avons écouté attentivement les mesures prises par le préfet pour endiguer la hausse du taux d’incidence dans la métropole niçoise qui avec ses 735 cas pour 100.000 habitants, frôle le plafond mahorais des 860 cas, dépassé sur le plan national par les 900 dunkerquois. Il y a été décidé un confinement partiel les week-ends, le port du masque généralisé, et la fermeture des commerces de plus de 5.000 mètres carrés. Auquel il est ajouté le renforcement des contrôles aux frontières ainsi que sur les voies routières, ferroviaires et aériennes.

Comme à Mayotte, les vacances scolaires y sont utilisées pour « préparer la rentrée », avec des « dépistages massifs » annoncés là-bas, notamment grâce aux tests salivaires.

Un tempo qui pourrait inspirer ici, avec toujours ce bémol de l’arrivée des kwassas, que même les moyens aériens actuellement déployés ne semblent pas pouvoir endiguer.

Mais la mesure est déjà critiquée par l’opposition niçoise, qui reproche un confinement vecteur de reproduction de la maladie en intérieur, « et on continue de faire des mesures qui empêchent la vie à l’extérieur ». Avec un couplet universel, « La population en a marre du stop-and-go », que l’on peut rechanter à l’envi à chaque vague épidémique sur n’importe quel territoire.

Anne Perzo-Lafond

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