« La jeunesse se sent intouchable, pour eux la réponse judiciaire n’existe pas, il faut que ces jeunes commencent à croire en la réponse judiciaire et comprennent que ce n’est pas à nous d’avoir peur, mais à eux ». Lors de son propos introductif à la MJC de M’Gombani, Ramlati Ali, présidente de l’atelier consacré à la réponse pénale, posait un certain nombre de postulats de nature à influer sur les propositions qui seraient faites dans l’heure suivante. Selon elle, « d’autres ateliers sont consacrés à d’autres aspects, nous, on doit étudier la répression. J’ai entendu les forces de l’ordre dire que des jeunes qu’ils arrêtent sont relâchés et viennent les narguer » argue la députée et médecin.
Dès lors, certaines propositions parmi les plus radicales semblent presque couler de source. Créer un centre de détention pour les mineurs, et y rendre obligatoire les travaux d’intérêt généraux -une sorte de bagne en somme- est une idée juridiquement peu réalisable mais qui a été exprimée. Par celui-là même qui nous aura complimenté de « journalistes droits-de-l’hommiste » au passage.
Sur une autre table, Jacques Martial Henry rappelait que « la réponse pénale doit socialiser l’individu » avec des sanctions personnalisées « d’où la nécessité d’un accompagnement socio-éducatif ». Il proposait aussi la création d’une cour d’appel de Mayotte, le tribunal judiciaire de Mamoudzou dépendant de la Cour d’appel de La Réunion. Autre proposition, des centres éducatifs fermés, avec « des éducateurs spécialisés » et une convention entre collectivités locales et justice « pour des travaux d’intérêt général » (qui légalement ne peuvent se faire que sur la base du volontariat).
Ces derniers ont aussi la faveur de la députée-présidente de séance. « En 2012 à Pamandzi, des jeunes délinquants multirécidivistes ont eu un TIG à faire, d’être vus par leurs familles, par leurs copains, ça les a calmés, ensuite ils se sont rangés » se souvient-elle. Elle se souvient en revanche avoir « pleuré » en voyant un enfant de 10 ans enfermé à Majicavo la même année, une détention qui avait conduit l’enfant à y être abusé. « Je ne parlerais pas de prison pour les mineurs » préconise-t-elle, forte de cette expérience en milieu carcéral. « Il faut que les choses passent par l’éducation, l’accompagnement ». Mais pour cela, il faut « augmenter les moyens » notamment à la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse, pour suivre efficacement les délinquants et prévenir la récidive. Une gageure sur un territoire qui compte moins d’adultes que d’enfants.
Pour Ramlati Ali, il faut aussi tenir compte du contexte culturel local et s’y référer. « Le phénomène d’acculturation ne doit pas être négligé, un enfant doit savoir qui il est, d’où il vient et où il va. Jadis, le Mahorais vivait comme une sanction extrême le simple fait d’être convoqué devant la justice, maintenant les jeunes n’en ont plus peur. » Pour elle, il faut donc accompagner les jeunes mais aussi se donner les moyens de sanctionner efficacement. « On est des Africains, avec nos normes africaines qui ne sont plus acceptables quand ça frise la violence » note-t-elle. « On ne doit pas violenter, mais corriger quand même ». Mais surtout « ce qu’il faut c’est le suivi. Un mineur qui fait du bruit, le médecin que je suis y voit un enfant qui appelle à l’aide, même s’il n’en est pas conscient. Il faut le sanctionner dans le sens de l’aider à devenir un adulte responsable ».
Y.D.