23.8 C
Mamoudzou

Assises de la sécurité : 87% des sondés ne se sentent pas en sécurité la nuit

L’amphithéâtre du lycée des Lumières était bondé ce lundi matin pour l’ouverture des Assises de la sécurité et de la citoyenneté, initiative de la mairie de Mamoudzou.

A tel point que, Covid oblige, les élus municipaux ont dû quitter la salle pour libérer des sièges et se rendre dans les deux sites prévus pour la retransmission en direct des échanges.

Le maire de Mamoudzou inaugurait ces Assises

Le thème central de cette journée était sans conteste « la violence, un sujet qui nous préoccupe tous qui rythme notre quotidien depuis plusieurs années » selon le maire de Mamoudzou Ambdilwahédou Soumaila. « Cette violence met en péril le lien social et le pacte républicain qui structurent notre vie commune dans la cité. Force est de constater qu’une partie de notre population se prive de ses libertés individuelles pour se mettre à l’abri. Le principe de précaution ne peut être seul l’alpha et l’oméga d’une politique sécuritaire. »

Et le maire de constater une « perte de sens, de repères, de valeurs, qui explique sans doute cette forme nouvelle de violence, commise par une population toujours plus jeune. Une violence allant jusqu’à cibler les services de secours comme les pompiers ou les ambulanciers ».

« En prenant part à ces assises de la sécurité, nous optons pour une démarche inclusive afin que chacun se saisisse de l’opportunité d’être acteur des solutions. Beaucoup de nos concitoyens se sont mobilisés et ont partagé leurs solutions » poursuivait le premier magistrat du chef-lieu.

En tout, plus de 1000 citoyens ont répondu au questionnaire proposé par la mairie, entre sondage et plate-forme de propositions.

Le premier constat, c’est celui d’un « fort sentiment d’insécurité » parmi les sondés, qui sont 87% à se sentir en danger le soir. Seuls 2% d’entre eux trouvent leur quartier sûr. Et pour cause, 36% des répondants ont subi une intrusion à leur domicile et 36% ont été victime d’un agression hors de leur domicile au cours des 12 derniers mois.

Pour Madi Madi Souf : président de l’association des maires, « la situation est grave, que vous soyez chez vous dans vos maisons transformées en bunker ou dans la rue, l’insécurité est permanente et ne nous quitte plus. Il ne peut y avoir de liberté sans sécurité. Nous sommes bons dans les discours, nous devrons être très bons dans les moyens à mettre en oeuvre pour ne pas tomber dans l’oubli. »

Une grande première saluée par le préfet

Le préfet saluait à son tour l’initiative, avant d’être coupé par la sonnerie jazzy du lycée, certes sympathique mais qui rend inaudible du fond de la salle tout ce qui se dit en bas.

« C’est la première fois que dans la même enceinte nous réussissons à rassembler des élus, des responsables de l’Etat, des services de sécurité, des responsables cultuels, des chefs d’entreprise, des hommes et des femmes qui se sentent concernés par ce sujet. » Pour le préfet, il faut une introspection, voire une main tendue à la partie de la population que la départementalisation a laissée de côté.

« Il faut que chacun prenne la mesure que nous faisons tout ce que nous pouvons pour contrôler la situation et que des hommes et des femmes souffrent de cette situation, et ce n’est pas supportable.

Mon sentiment c’est que nous connaissons 2 Mayotte. Un Mayotte qui s’élève, avec des parents qui veulent que les enfants aient des valeurs, des aspirations professionnelles, qui veulent vivre paisiblement, et il y a un Mayotte qui décroche, qui n’a pas de statut, pas d’avenir, pas de référent. Un Mayotte qui souffre aussi comme les victimes de l’insécurité. Essayons de réfléchir sur ces sujets. Je ne pense pas que nous puissions trouver des issues efficaces si le Mayotte qui s’élève ne regarde pas le Mayotte qui décroche.

Ce que nous ouvrons aujourd’hui c’est un chantier de long terme. Notre obligation est de satisfaire l’intérêt général.« 

Y.D.

Partagez l'article:

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

La « vieille dame » des Badamiers fume désormais « plus propre »

Les nouvelles installations de dénitrification de la centrale électrique des Badamiers ont été inaugurées ce mercredi. Elles permettent de réduire d’une manière conséquente les émissions d’oxydes d’azote dans l’atmosphère, l’un des principaux polluants émanant des centrales électriques.

Sénat – Affirmer la souveraineté française pour ancrer Mayotte dans sa région… ou l’inverse

« Ouvrez la fenêtre ! » appelaient les sénateurs co-rapporteurs d’un texte sur l’ancrage territorial des Outre-mer français dans leur bassin respectif, et ce 1er volet était consacré à l’océan Indien. La nouveauté, c’est que le texte porte majoritairement sur la manière de sortir du contentieux franco-comorien à propos de Mayotte.

Décès de Robert Amis, ancien directeur du STM et ex-président de la SNSM locale

C’est un passionné de mer sous toutes ses déclinaisons qui vient de nous quitter. Avec le départ de Robert Amis, ce ne sont pas seulement ses proches qui sont en deuil, mais tout Mayotte. Il a en effet contribué à professionnaliser plusieurs structures ici, dont le STM et la SNSM.

C’est parti pour la 5e édition du concours Innov’ACTION 976 !

A l’occasion de la « Semaine de l'Innovation » qui dure jusqu’à vendredi, l’ADIM a renouvelé le concours Innov’ACTION 976. Hier ils étaient 20 candidats présents au PER de Coconi afin de défendre leur projet face à un jury composé d’une dizaine de professionnels. A l’issue de cette première sélection seulement 10 ont été qualifiés pour la grande finale qui aura lieu vendredi.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com