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Pénurie d’eau : « Les besoins dépassent la capacité de production »

L’arrêté préfectoral a ravivé le spectre des coupures d’eau d’il y a 4 ans. L’heure était aux conseils d’économie à l’ARS ce 21 août avec en filigrane des responsabilités pointées.

Ce vendredi matin, l’ARS de Mayotte dressait un double point sur les sujets qui font l’actualité : l’eau et le Covid. Le premier est doublement crucial, puisqu’il permet entre autre de venir à bout du second avec un lavage des mains comme premier réflexe avant même que nous ayons disposé de masques. Son usage a été restreint par arrêté préfectoral ce 17 août.

La situation tient en deux chiffres : la production de 35.000 m3 d’eau par jour ne couvre pas les besoins quotidiens de 36.000 m3 d’eau. Plusieurs explications à cela, livre Julien Thiria, Directeur de la Santé publique à l’Agence de Santé de Mayotte. La consommation augmente chaque année, « elle a pris 30% en 6 ans », de 2013 à 2019. Et l’épisode Covid n’a fait qu’accentuer ce phénomène, avec « l’accent mis sur l’hygiène et le lavage des mains ».

Mais l’ARS contre les arguments de ceux qui font porter le chapeau à l’immigration clandestine et aux rampes d’eau installées pour les quartiers insalubres : « Nous sommes bien placés pour le savoir, c’est l’ARS qui paie ces factures ! Les rampes d’eau, avec 180m3 par jour, et les bornes fontaine monétiques, 250 m3, ne représentent que moins de 1% de la consommation, alors qu’elles approvisionnent 30% de la population. Les rampes que nous allons continuer à installer sous la forme de 80 raccordements à un compteur d’eau, permettent donc au contraire de maintenir les conditions d’hygiène minimales en cas de coupure d’eau. »

Reprise en main du SMEAM

ARS, Mayotte
Julien Thiria rapportait les prévisions d’une saison de pluies tardive par Météo France

Si la production d’eau est contrainte, on en connaît les raisons. Depuis la crise de l’eau en 2016-2017, les responsabilités du Syndicat des Eaux, Sieam, désormais SMEAM ont été largement pointées pour le déficit en investissement. Les capacités de stockage sont insuffisantes, et on ne peut que se réjouir de la reprise en main du syndicat par Fahardine Ahamada, l’homme fort de Bandraboua, commune la mieux gérée de Mayotte au temps où l’édile y siégeait.

Les travaux en cours de rehausse de la retenue collinaire de Combani ne sont pas terminés, et ont imposé une vidange qui a empêché son remplissage à 100%. « Il faut donc commencer à restreindre sérieusement notre usage de l’eau. Chaque geste d’économie nous fait gagner des jours de consommation en plus », encourage Dominique Voynet, Directrice de l’ARS.

L’arrêté préfectoral prend effet ce lundi, il interdit les lavage des véhicules, des bateaux de plaisance, l’arrosage des jardins et pelouse et le remplissage des piscines. Les gros consommateurs que sont les industriels et les administrations sont priés de diffuser ces consignes d’économies auprès de leur personnel.

Des citernes pour les scolaires

Des citernes en renfort dans les établissements scolaires

Certains établissements comme le CHM, le centre de dialyse ou les établissements médico-sociaux sont priorisés, « mais certains dispensaires n’ont que un ou deux jours d’autonomie ».

Quant aux écoles, et à l’impératif de lavage des mains nécessité par la crise sanitaire, nous avons contacté le recteur Gilles Halbout, qui n’a pas attendu la publication de l’arrêté préfectoral pour agir : « Compte tenu des interrogations sur la question, j’ai demandé dès le mois de février une étude pour cerner la desserte en eau des établissements scolaires. Nous avons en conséquence commandé des citernes pour que les établissements qui seraient touchés puissent tenir au moins un jour en autonomie ».

Le stockage des eaux de pluies reste conseillé pour les besoins extérieurs, « son utilisation pour les toilettes nécessiterait un branchement à part ce qui est peu envisageable », répond l’ARS.

A chacun de surveiller la bonne utilisation de ses robinets donc, en attendant que les relances de forages inscrites au Plan urgence eau 2017 de 25 millions d’euros, et que la remise en route de l’usine de dessalement, promise par Vinci au préfet pour juin dernier, accroissent la production.

Alors que les deux tiers de la production en eau viennent des retenues collinaires, nous n’irons pas jusqu’à compter sur l’émergence de la 3ème infrastructure, ce serait pure produit de notre imagination…

Anne Perzo-Lafond

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