On ne peut pas dire que Mayotte s’exclut de la société de consommation et que les Antilles, Guyane et La Réunion y ont plongé, puisque les données sont contrastées. La première étude qui porte sur les équipements électroménagers montre que la grande majorité des ménages est aujourd’hui équipée d’un réfrigérateur, d’une plaque de cuisson ou d’une cuisinière, d’un téléviseur et d’un lave-linge. Autant qu’en métropole aux Antilles et à La Réunion, c’est moins le cas à Mayotte.
Nous sommes en effet les champions hors catégorie du congélateur dont sont équipés les trois-quarts des ménages, contre la moitié en métropole, mais sous-dotés en lave-vaisselle et en aspirateur. En matière de clim, Mayotte est dans le bas du panier, mais une précédente étude avait montré que les cases en tôles n’en étaient pas équipés, et que leur présence dans les logements en dur équivalaient en proportion à celle des Antilles.
En 2017, sept ménages sur dix ont une voiture en Martinique, en Guadeloupe et à La Réunion, six ménages sur dix en Guyane et seulement trois sur dix à Mayotte, contre huit ménages métropolitains sur dix.
En revanche, en 2017, au moins 90 % des ménages possèdent au moins un téléphone portable, « incontournable », y compris à Mayotte, soit presque autant que les ménages métropolitains (93 %). Internet continue de se déployer mais demeure moins accessible aux ménages domiens qu’aux ménages métropolitains. L’équipement en tablettes tactiles progresse également nettement, puisqu’elles tablettes concernent en 2017 trois ménages sur dix dans les DOM historiques, seulement un sur six à Mayotte, contre quatre ménages sur dix en métropole.
L’alimentation, 1er poste de consommation à Mayotte
La seconde étude porte sur les dépenses de consommation, « moindre qu’en métropole ».
En 2017, les ménages de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane et de La Réunion ont des niveaux moyens de dépenses de consommation assez proches, entre 22.800 et 23.800 euros par an. En métropole, le niveau moyen est de 27.600 euros, soit un écart de 14 % à 17 %. Les dépenses des ménages mahorais sont nettement inférieures : ils dépensent en moyenne 14.300 euros par an, soit moitié moins qu’en métropole, la présence de ménages étrangers ayant un niveau de dépenses faible impacte le niveau moyen des dépenses.
Pour cette même raison, les inégalités de revenus sont les plus fortes à Mayotte. Si en métropole les 20 % de ménages les plus aisés ont un niveau de dépenses 2,4 fois plus élevé que les 20 % de ménages les plus modestes, ce ratio atteint 3,1 en Guadeloupe, 3,6 à La Réunion et jusqu’à 4,7 à Mayotte.
À Mayotte, en Guyane et à La Réunion, la jeunesse de la population va de pair avec des ménages de plus grande taille. L’INSEE préfère donc raisonner par unité de consommation « pour neutraliser l’effet lié à la taille du ménage ». En Martinique et en Guadeloupe, la dépense annuelle de consommation par UC atteint en moyenne 15.000 euros, 14.000 euros à La Réunion, 12.000 euros en Guyane et moins de 7.000 euros à Mayotte.
Les familles monoparentales consomment logiquement moins que les autres : 35 % de moins que la moyenne locale à Mayotte, 25 % de moins à La Réunion et 17 % de moins en Guyane.
A l’inverse, les couples sans enfant consomment davantage que la moyenne locale des ménages, 14 % de plus en métropole, 17 % en Martinique, 30 % en Guadeloupe, 45 % à La Réunion et même plus de 55 % en Guyane et à Mayotte.
Pour les personnes seules, la logique ne vaut pas en Guadeloupe et à La Réunion où elles consomment moins que la moyenne locale (respectivement – 10 % et – 5 % en raisonnant par UC), ou à peine supérieur en Martinique. La Guyane et surtout Mayotte se démarquent avec un niveau de consommation des personnes seules largement supérieur à la moyenne des ménages, respectivement + 35 % et + 80 %. Dans ces territoires, plus du quart des personnes seules font partie des 20 % des ménages les plus aisés, contre moins d’un sur cinq dans les autres DOM et en métropole.
La structure des dépenses dans les DOM en 2017 est proche de celle des ménages métropolitains, sauf à Mayotte. Les quatre principaux postes de dépenses sont identiques : transports, logement, alimentation et « biens et services divers » (assurances principalement et coiffeur, rasoir, sèche-cheveux, produits de beauté, etc.), mais à Mayotte, « en lien avec un plus faible niveau de vie », l’alimentation y constitue le plus gros poste de dépenses (24 % du budget de consommation), devant les transports et le logement. Autre spécificité mahoraise, les « articles d’habillement et chaussures » est le 4e poste de consommation, il représente un dixième du budget, soit deux fois plus qu’en métropole et dans les autres DOM.