En devenant Région Ultrapériphérique (RUP) de l’Europe en 2014, Mayotte a ouvert ses eaux aux navires de pêche européens, et il n’avait pas fallu très longtemps pour que les thoniers-senneurs européens, espagnol, bretons ou réunionnais, associés par contrats de pêche aux mauriciens ou aux seychellois, trainent leurs filets dans la zone. Les pêcheurs mahorais avaient dénoncé un risque d’appauvrissement de la ressource. Les compensations financières versées étaient jugées insuffisantes. La Directrice de cabinet du ministre de l’Agriculture avait récemment tempéré en annonçant qu’« il n’y a pas de surpêche à Mayotte ». La DMSOI (Ex-Affaires maritimes) nous avait livré les données chiffrées, expliquant qu’en cas de surpêche, des quotas seraient délivrés.
Ayant eu quelques échos à Bruxelles de la colère mahoraise, une délégation de l’Union européenne était en déplacement à Mayotte cette semaine, « pour entendre l’ensemble des acteurs du secteur dans le cadre de l’accord franco-seychellois », nous explique Michel Goron, directeur de la DMSOI. Ont été entendus notamment, la Chambre d’agriculture et de la pêche, le Parc naturel marin, qui gère une partie de la Zone Économique exclusive (ZEE), la DMSOI « pour entendre les projets de Mayotte en matière de développement de la flotte de pêche ». Un deuxième tour de concertation aura lieu avant de rédiger un accord.
Jusqu’à ce vendredi, une délégation seychelloise était également présente à Mayotte pour précisément échanger sur ces accords de pêche. Elle était menée par Charles Bastienne, Ministre de la Pêche et de l’Agriculture des Seychelles et accompagné de Jean Paul D’Offay, Affaires étrangères, Roy Clarisse, Conseiller spécial pour la Pêche, Philippe Michaud, Conseiller spécial pour l’économie bleue, Calvin Gerry, Directeur général adjoint SFA et Irene Sirame, avocate.
Accompagner « le potentiel » ?
A l’initiative des élus départementaux, une visite de courtoisie a été organisée ce vendredi 17 janvier dans les locaux du Conseil départemental. Accueillie par le 6e vice-président Mohamed Sidi, en charge de la coopération décentralisée et des affaires européennes, par les conseillers départementaux Ahamed Attoumani Douchina et Ali Debré Combo, en présence du président du CESEM Abdou Dahalani, du Secrétaire général pour les affaires régionales Yves-Marie Renaud et de cadres de la collectivité, les délégués seychellois ont fait ce constat : « Mayotte a du potentiel ! », rapportent les conseillers départementaux.
Parmi les dossiers et enjeux plus spécifiquement évoqués : le cadre de coopération décentralisée et d’action internationale (dont le document a été remis à la délégation). La République des Seychelles est par ailleurs l’un des pays identifiés dans ce Cadre stratégique adopté en octobre 2018, en lien avec l’axe 6 du plan de mandature.
Les liens Mayotte-Seychelles sont amenés à se renforcer. Une délégation départementale s’est rendue aux Seychelles en février 2019 à l’occasion de la passation de la Présidence des Iles Vanille entre Mayotte et les Seychelles.
Dépasser la seule coopération culturelle
Des échanges ont notamment permis la participation d’un jeune artiste mahorais au Festival de la Francophonie, aux Seychelles en mars 2019, la réalisation d’une action de valorisation du patrimoine culturel de Mayotte à travers le Debaa aux Seychelles en partenariat avec l’Alliance française, en décembre 2019.
Pour l’année 2020, il a été rappelé que le Conseil départemental envisage de :
– Poursuivre les discussions avec le nouvel ambassadeur de France aux Seychelles pour l’ouverture d’une représentation de Mayotte,
– Accueillir une délégation technique des Seychelles afin d’approfondir les échanges pour l’identification des possibilités de coopération dans les domaines de la formation touristique, du patrimoine et de la culture et de l’économie bleue,
– Intégrer les Seychelles dans l’édition 2020 du Festival Francojeunes ;
– Encourager les jeunes mahorais en direction des Seychelles dans le cadre de la convention avec France Volontaires.
Le sujet de la pêche a évidemment été abordé, ainsi que l’économie bleue et l’agriculture. « Au final, une rencontre qui est allée bien au-delà de son statut protocolaire, permettant un échange partenarial (Département, Etat et Seychelles) très riche et qui devrait ouvrir la voie à la venue plus longue d’une délégation seychelloise à Mayotte, à l’invitation du Département. »