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Un groupe Facebook prône la gratuité à Mayotte

Meubles en palettes vendus à prix d'or, couverts et vaisselle à 1€ et même un ballon crevé et rafistolé vendu 5€... La gratuité n'est pas dans les mœurs sur les réseaux sociaux à Mayotte. Une volontaire en service civique a créé une page pour en finir avec ce business de l'occasion parfois éhonté.

Doit-on chercher le bénéfice sur ses objets d’occasion ? Est-il si difficile de donner ce qui ne nous sert plus ? Suivant l’exemple de plates-formes métropolitaines comme donnons.fr ou les SEL, services d’échanges locaux qui existent un peu partout, une jeune volontaire en service civique a décidé d’impulser une nouvelle façon de faire à Mayotte. En quatre jours, sa page « échanges et dons mayotte 976 » a réuni plus de 130 membres.

Le projet mûrissait depuis plusieurs semaines. Arrivée avec son compagnon comme volontaire du service civique dans l’association MAN (Mouvement pour une alternative non violente), Victoria Sennesael n’avait pas les aides à l’installation proposées aux fonctionnaires qui arrivent sur l’île. Dès lors, se fournir en meubles ou objets de première nécessité est devenu une gageure. « S’installer sans rien ici, c’est un parcours du combattant si on n’a pas 3000€ sur son compte » déplore la jeune femme. Naturellement, le couple se tourne d’abord vers l’occasion, mais les annonces publiées sur les multiples pages et groupes dédiés les font vite déchanter. « Quand on est face aux annonces et qu’on voit une table en palette vendue 50 ou 100€, ça nous révolte car on fait tout en palette et jamais ça ne coûte 50€, ce qu’on fait prend une heure de main d’oeuvre. Généralement ce sont des Mzungus, fonctionnaires d’Etat qui vendent ces tables. J’ai même vu un ballon de football troué, rafistolé avec du scotch, vendu à 5€. »

La description du groupe interdit toute demande d’argent

Rapidement, elle en vient à déplorer un « business de l’occasion ». « Quand on voit une cafetière qui coûte 10€ sur Amazon et qui est revendue de 2nde main à 50€, on voit que les gens veulent se faire un business sur leurs propres achats, on perd en humanité. C’est comme les colocations, on te demande un mois de caution, plus un rachat de meubles, soit c’est une colocation meublée, soit non, ça ne se voit qu’à Mayotte ça ! Il y a une aberration dans le rapport aux autres. On ne devrait pas se faire de l’argent sur une seconde main. Des gens vont jusqu’à vendre du papier toilettes et des brosses à dent, ou des habits déjà bien utilisés, il faut se respecter et respecter les autres. »

Des échanges « un peu plus justes »

Or pour elle, « être en outre-mer c’est l’occasion de changer sa façon de consommer, l’économie c’est déjà assez difficile, si les particuliers entre eux se rendent la vie plus difficile aussi, on ne va pas s’en sortir (…) On offre des primes pour donner envie aux gens de venir, il faudrait aussi développer une philosophie : la récupération l’échange, en métropole on a une bonne culture de tout ça. Il faut que tout ça soit un peu plus juste. »

C’est ainsi qu’est née cette nouvelle page qui interdit formellement toute notion d’argent dans les articles ou services proposés.

« Si chacun fait son petit truc, sans tout révolutionner, ça fait changer les choses » veut-elle croire. « Ca serait bien aussi que l’artisanat reprenne sa place à Mayotte », au lieu de « l’hyperconsommation » qu’elle regrette.

Un sac à dos contre des ftuits

Après quelques jours, la page voit fleurir ses premières annonces. Des couches pour bébé sont offertes, un sac à dos est proposé en échange de fruits ou de légumes. Une dame propose aussi des travaux de couture en échange de croquettes pour les animaux recueillis.

« Je ne dis pas qu’il faut tout donner ou tout échanger, mais il y a des choses qui ne se vendent pas, c’est une question de principe, un ballon troué et réparé ça se donne à un gamin mais ça ne se vend pas. »

Y.D.

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