Un mois après la grosse manifestation du 5 décembre, la mobilisation reste en berne à Mayotte, où les enseignants, fer de lance des mouvements sociaux, sont absents pour la plupart.
Les principaux leaders syndicaux ayant appelé à la mobilisation étaient toutefois présents, et, nouveauté de cette journée, les avocats avaient rejoint la Place de la République pour exprimer leurs craintes.
« L’enjeu c’est le maintien de notre profession », explique la bâtonnière Fatima Ousseni qui demande le retrait total de la réforme. « Avec cette réforme qui vient tout anéantir, les cotisations des cabinets vont augmenter. Pour ceux qui ne tiendront pas le coup, c’est la mort de certains cabinets. Cela signifie que le justiciable n’aura plus accès au droit normalement. Nous sommes mobilisés car cette réforme que le gouvernement veut imposer au forceps vient renverser un système équilibré, pérenne et solidaire, et des décennies d’économies qui vont être captées de manière indue et injustifiée. Notre système garantit jusqu’en 2079 les retraites et les complémentaires et cette réforme vient le réduire à néant. »
Salim Nahouda, secrétaire départemental de la CGT Ma regrette de son côté le manque de mobilisation, mais en prend sa part de responsabilité.
» Il y a les vacances, et au niveau des syndicats on n’a pas eu suffisamment de temps pour préparer la mobilisation avec des assemblées générales dans les entreprises. Nous espérons que dans les jours à venir, avec la rentrée scolaire, mobiliser beaucoup plus de monde, privé comme public. Mais il y a une mobilisation nationale et nous ne voulons pas être étrangers à la démarche. A chaque réforme engagée, on met Mayotte de côté. On n’est même pas arrivés au bout de l’application du droit commun, et on nous balance vers un système à points que personne ne comprend. L’Etat a fait un effort : celui de mettre à dos tous les syndicats contre lui. »
C’est notamment le cas de la CFDT, représentée à Mayotte depuis le début du mouvement. Ousseni Balahachi s’en explique.
« Ce qui se passe au niveau national n’a rien à voir avec ce qui se passe ici au niveau local, où on connaît des pensions de misère. A chaque fois qu’on lancera un appel à mobilisation, moi je serai dans la rue. Ici les agents de la fonction publique ont été intégrés à des corps transitoires qui ne reconnaissent pas l’intégralité de leur carrière. Dans le privé, la retraite est cotisée à la CSSM avec un système de plafonnement éloigné de ce qui est pratiqué au niveau national. Ce qui fait que quels que soient les revenus qu’une personne aura dans sa carrière, elle n’aura que 400 à 450€ de pension. Dans cette situation, je ne pense pas qu’on puisse vivre dignement. Nous manifestions contre cette discrimination, contre notre situation de misère, mais également contre cette réforme. »
Y.D.