En cette période d’entre-deux saisons, cruciale pour l’autonomie en eau de l’île, tout le monde a les yeux tournés vers le ciel. La crainte de retomber dans la crise de pénurie de la fin de l’année 2016 plane dans l’air, les acteurs eux, semblent penser que, pour l’instant, ça passe ! Si le Syndicat Intercommunal d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (Sieam) a conservé in extrémis la main sur la gestion de ses investissements, l’Etat veille. C’est en quelque sorte le message qu’a voulu faire passer Jean-François Colombet en conviant la presse sur la retenue collinaire de Combani.
L’ouvrage était prévu au plan urgence eau présenté par Ericka Bareigts, ex-ministre des outre-mer, il a donc pris beaucoup de retard. Le sujet avait été abordé en conférence de presse à l’issue d’un Comité de suivi de la ressource en eau, où les acteurs du Sieam avaient dû s’expliquer sur ces délais, dont celui de l’interconnexion entre les deux retenues collinaires.
Dzoumogné abreuve l’île
Rehausse d’un mètre de la retenue de Combani et interconnexion entre le nord et le sud sont deux sujets totalement liés, comme l’expliquaient les dirigeants de la Colas et de EGIS, en charge de l’ouvrage : « Nous avons commencé par puiser l’eau dans la réserve de Combani pour en baisser le niveau et pouvoir effectuer les travaux de rehausse. Désormais, c’est la retenue collinaire de Dzoumogné qui abreuve l’ensemble de l’île grâce à l’interconnexion qui est opérationnelle depuis 10 jours. Nous avons donc 150 m3/heure qui partent vers l’usine de traitement de l’Ourovéni, et 250m3/h qui partent vers celle de Bouyoni. » La retenue de Dzoumogné est remplie à 45-50%.
Les travaux de rehausse sont en cours sur 36m linéaires, « on gagne un mètre de hauteur de plus sur la superficie de la retenue, donc 250.000m3 d’eau supplémentaires ». En réalité, la rehausse provisoire effectuée en urgence en 2017 avait déjà permis de gagner 70.000m3 , « à l’issue des travaux, nous allons quand même bénéficier de 170.000 m3 en plus par rapport aux deux années précédentes », nous explique Vincent Delaître, le directeur de la Colas.
Et l’issue des travaux ce serait début mai, et non plus fin mai, nous rapportent les décideurs, « malheureusement puisque le temps est clément, on avance ! », c’était la blague du jour sur le chantier.
Gagner un mètre partout implique de défricher les pourtours, ce qui nécessite un accord des propriétaires sur les zones où le conseil départemental n’est pas propriétaire.
Courage, forons
Autre nouveauté dès ce jeudi, un bras mobile va capter l’eau de la retenue, qui l’était auparavant en aval de la cascade qui se déversait plus bas. Cette eau part vers une réserve, « une bâche d’équilibre qui alimente l’usine de l’Ourovéni ».
En dehors de ces deux ouvrages, sur la retenue et sur l’interconnexion, d’autres investissements étaient prévus au plan urgence eau. Ils font l’objet ce jeudi d’un réexamen du Plan pluriannuel d’investissement au Sieam : « Nous allons prioriser certains ouvrages, nous explique Ibrahim Aboubacar, Chargé de mission au Sieam, avec la remise en route de 3 anciens forages, le lancement d’un 6ème, ainsi que les premières démarches pour l’expertise du chantier de l’usine de dessalement en cours ».
Peu à peu, les ouvrages qui avaient été inscrits en urgence se mettent en place deux ans après…
Anne Perzo-Lafond