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Mamoudzou

Mayotte veut son campus de l’aéronautique

Le vice-rectorat présentait ce mercredi matin son projet de campus aéronautique en Petite Terre. Proche de l'aéroport, il doit former aux métiers de l'aviation et répondre aux besoins présents et à venir du territoire, voire de la région.

Le projet, ambitieux, aura traîné dans les tiroirs avant de se réveiller d’un coup. Le salon des métiers de l’aéronautique. Dès 2017, le premier forum des métiers de l’aérien à Mamoudzou se voulait pourtant prometteur. Deux ans et demi plus tard, le vice-rectorat reprend le sujet à bras-le-corps et annonce des avancées concrètes. Il y a bien eu la première promotion d’élèves de CAP qui a commencé les cours en septembre dernier, mais avec un espace limité et des moyens techniques insuffisants à terme. Depuis, du foncier s’est débloqué pour installer de vastes hangars pédagogiques attenants à l’aéroport. L’école de pilotage Les Ailes de Mayotte a vendu un Cessna 152 au vice-rectorat pour former les élèves qui vont désormais s’entraîner à désosser, remonter et déplacer l’appareil. Désormais, d’autres filières de formation vont rejoindre ce pôle pour en faire un véritable campus.

Les filières de Mayotte permettront de trouver un emploi ou de poursuivre son cursus

« En 2017 on a fait le point sur les besoins et identifié quatre sphères d’activité, relate Gilles Halbout, vice-recteur de Mayotte. Il y a la maintenance, le commercial, le tourisme et la sécurité. On a trouvé sage et pratique de réunir tous ces secteurs sur un même lieu à proximité de l’aéroport ».
A raison de 12 nouveaux élèves par an, ce campus doit former en CAP et bac pro, mais aussi à terme, en BTS et jusqu’au niveau ingénieur. « On ne peut pas être la seule région à ne pas proposer de formations à bac+5 » poursuit Gilles Halbout qui décrit un « programme pluri annuel de développement de l’offre de formation. Dès la rentrée 2020, on devrait ouvrir une classe préparatoire aux grandes écoles » de l’aéronautique. Les autres cursus verront le jour d’ici 3 ans.

L’enjeu à court terme est de former les techniciens dont Mayotte a besoin. « Ici c’est bien simple, des techniciens aéronautiques on n’en trouve pas » déplore Ayub Ingar, directeur de la compagnie Ewa Air. Ce secteur est pour lui une garantie d’embauches immédiates. Pour la maintenance mais pas que. « Tout le monde se focalise sur les personnels navigants (hôtesses de l’air et stewarts NDMR) et les pilotes mais il y a une centaine de métiers invisibles dans une compagnie, sans lesquels les avions ne pourraient voler ».

Le projet fédère largement dans le secteur

A court et moyen terme, Air Austral et Ewa sont donc demandeurs des premiers formés de ces filières, mais l’enjeu est plus large, et il est probable que ce secteur se développe rapidement. L’allongement de la piste pourrait amener de nouvelles compagnies et donc de nouveaux appareils, or poursuit Ayub Ingar, « il faut dans une compagnie une dizaine de techniciens par modèle d’appareil ». La piste longue promise par le Président est donc porteuse d’emplois. Ensuite, il y a la gaz du Mozambique : des avions médicalisés et des hélicoptères devraient faire leur apparition à Mayotte si elle obtient son statut de base arrière. « Il faut accompagner et anticiper le développement de Mayotte, il ne faut pas que le manque de main d’oeuvre soit un argument pour que Mayotte ne se développe pas » reprend Gilles Halbout. « Si on veut faire de Mayotte un mini-hub, on aura ce genre de besoins » poursuit-il. Pour former les élèves, deux hélicoptères viendront s’ajouter au Cessna déjà acquis.

Enfin au delà des besoins propres à Mayotte et à son développement, cette filière d’excellence devra répondre aux demandes régionales. « On va former aussi pour l’extérieur, assure Gilles Halbout, et notamment pour le canal du Mozambique. Car il n’y a pas beaucoup d’endroits à part à La Réunion où on forme des personnels qualifiés ».

Y.D.

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