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Droits de l’enfant : Énormes manques à Mayotte, Gilles Halbout et Issa Abdou s’engagent

Ce 20 novembre 2019 de célébration des 30 ans de la signature de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), des engagements forts ont été pris par Gilles Halbout, le représentant de l’Education nationale à Mayotte, pour en garantir trois : l’Education, et pour sa partie, la santé et l’alimentation. Et par Issa Abdou qui parle enfin d'avancées à la CRIP.

« L’enjeu de ces prochaines années, c’est la scolarisation de tous les enfants, que ce soit les 3 à 6 ans, ou les plus âgés en luttant contre le décrochage scolaire », nous expliquait Gilles Halbout avant de prendre la parole devant les nombreux invités de cette Journée. Parents, enfants, familles d’accueil et acteurs du social étaient présents à la MJC de M’Gombani. « Amazing grace », Prendre un enfant par la main », « Le champ du départ »… difficile de ne pas accompagner les jeunes de la chorale du collège de Majicavo qui ont lancé la journée des 30 ans la CIDE ce mercredi matin.

« Comptez sur moi pour mener à bien d’ici 2025 la construction des 800 salles de classe supplémentaires pour scolariser les 3-6 ans ! », lançait le vice-recteur qui compte endiguer le décrochage scolaire matérialisé par un nombre, « 25.000 jeunes de 16-29 ans sans qualification ». Il nous détaillait le déploiement des dispositifs : « petits lecteurs-petits scripteurs » sur les remises à niveau, UPE2A, Unité pédagogique pour élèves allophones, pour les nouveaux arrivants qui ne maitrisent pas la langue, PAFI, parcours aménagés de formation initiale, Oxygène, d’accompagnement des élèves décrocheurs.

Deuxième droit, la santé : « Dès 2020, une visite médicale sera mise en place pour tous les 6 ans en partenariat avec l’ARS. C’est impossible d’attendre la réussite quand se posent des problèmes de vue, d’audition ou de difficultés psychologiques ».

Des hommes et des écoles

Gilles Halbout et Issa Abdou, des intentions liées

Troisième engagement déjà évoqué, le droit de ne pas avoir le ventre vide pour étudier, avec le doublement des petits déjeuners « qui passeront de 4.000 à 8.000 ».

Enfin, et c’est un pont dressé vers le conseil départemental avec lequel un travail sérieux a débuté, le traitement des informations préoccupantes. « Nous travaillons main dans la main avec Issa Abdou pour que tout soit mis en œuvre dans la prise en charge de ceux qui souffrent » concluait le vice-recteur, avant de citer l’ancien ministre de l’Education nationale Jean Zay (1936-1939), « Les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas. »

Une citation qui faisait écho à celle du monsieur social du Département, Issa Abdou, qui débutait son intervention en sollicitant Victor Hugo, « Le droit de l’enfant, c’est d’être un homme : ce qui fait l’homme, c’est la lumière, ce qui fait la lumière, c’est l’instruction. » Un clin d’œil vers les 800 salles de classe promises, mais il ne bottait pas pour autant en touche, « l’enfance c’est une obligation pour le conseil départemental, qui accompagne ses 130 familles d’accueil ».

Une cellule étoffée pour gérer les signalements

Interprétée par la chorale du collège de Majicavo, « Prendre un enfant par la main » fait toujours mouche

Elles ne sont plus seules, les déclinaisons sont nombreuses, les deux Maisons d’enfants à caractère social, les lieux de vie et d’accueil, les Tiers dignes de confiance, « nous déroulons le Schéma de l’enfance et des Familles ». L’autre face de l’action sociale est en cours de mise en place, « avec la prévention spécialisée déclinée auprès de communes, pour ne plus agir dans l’urgence, mais mettre en place des outils pour accompagner les enfants. »

Mais sur l’urgence, tout n’est pas encore dans les clous au conseil départemental. Et si le vice-recteur a répondu à l’interpellation de l’élu sur les 800 classes, ce dernier se devait à son tour de donner des gages sur la prise en charge des signalements d’enfants potentiellement en danger, effectués notamment par le milieu scolaire, mais dont le suivi laisse à désirer au Département. Après avoir salué « le travail fait par le conseil départemental en 3 ans », le représentant du préfet soulignait d’ailleurs la nécessité « de renforcer la Cellule de recueil des Informations préoccupantes », la CRIP.

Cela fait deux ans qu’Issa Abdou se dit conscient de ce problème dans ses services, « mais nous avions des blocages administratifs chez nous », nous confie-t-il. Les postes sont désormais lancés, « nous allons enfin pouvoir étoffer la CRIP d’ici la fin de l’année en passant de 4 à 9 agents. Le recrutement est en cours. »

Pour parachever le tout, le « pas de deux » esquissé ce matin entre le représentant de l’Education nationale et l’élu chargé du social se matérialise hors des micros et caméras par une vraie collaboration, « nous nous voyons régulièrement ».

Anne Perzo-Lafond

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