Mamoudzou se transforme, et rapidement. Il ne faut pas être à Mayotte depuis longtemps pour voir les changements. Or, tout cela a un coût. « Le budget de la commune double chaque année » explique le maire Mohamed Majani qui détaille. 16 millions d’euros en 2017, 32 millions en 2018 « et probablement 60 millions d’euros en 2019 ». Un budget qui s’autofinance grâce à la fiscalité d’une part, mais aussi et surtout grâce à des prêts et des subventions. Du Département, de l’Etat ou encore de l’Europe. Mais pour percevoir une subvention, il ne suffit pas de la demander. Le projet doit être validé, les travaux, entamés, et surtout, il faut que la collectivité commence à financer son projet toute seule, avant de toucher la subvention. Une condition difficile à remplir quand la trésorerie ne suit pas. « A Mayotte, ce n’est pas forcément l’argent qui manque, mais plutôt les moyens de le mettre en œuvre, par manque de ressources humaines, ou de trésorerie, explique Yves Rajat, directeur de l’antenne mahoraise de l’Agence française de développement (AFD).
C’est là que l’AFD intervient. Cet établissement public, dont l’Etat est le seul actionnaire, fonctionne comme une banque. L’AFD emprunte des fonds à des taux très bas, et les avance aux collectivités à un taux lui aussi imbattable de 0.8%. « Le but est d’apporter une trésorerie suffisante à la collectivité. Lorsque les travaux sont justifiés et que les subventions sont mises en paiement, elles sont versées non pas dans les caisses de la commune, mais dans celles de l’AFD, en remboursement » poursuit-il.
En somme, l’AFD permet d’avoir les reins assez solides pour lancer un projet le temps de toucher la subvention, qui rembourse automatiquement l’emprunt effectué.
Ce dispositif est précieux à Mayotte, où l’AFD est particulièrement active. Ainsi l’année dernière, l’établissement public a préfinancé 38 projets pour un total de 50 millions d’euros à des collectivités mahoraises. On peut citer rien qu’en novembre dernier, 3 millions d’euros à Bandrélé, 4,6 millions à Tsingoni pour ses écoles et sa mosquée et 200 000€ pour un écomusée de la mangrove de Chirongui. « L’AFD s’intéresse particulièrement aux projets environnementaux et au lien social » reprend le directeur.
Pour Mamoudzou, les projets seront variés. En tout, 6 préfinancements pour 7 millions d’euros. Ces avances permettront de faire sortir de terre trois plateaux couverts à Kawéni, Baobab et Vahibé, un gymnase à M’Gombani, la mairie annexe Canton 2 à Mtsapéré, le stade municipal de Tsoundzou ainsi que des établissements scolaires : l’école Hamaha Soleil levant à Hauts Vallons, le groupe scolaire de Doujani et des rénovations à Kawéni et Doujani.
Enfin, ces prêts AFD préfinanceront la mise aux normes de l’éclairage public sur toute la commune : extension de l’éclairage tout le long de la nationale de Jumbo à Tsoundzou, et séparation des lignes qui alimentent les réseaux domestiques et publics. Des projets de réfection de voirie communale en enrobé « plus durable » selon le maire sont aussi prévus.
Y.D.