Son visage était dans tous les médias lors de la grève dure qui a paralysé Mayco en fin d’année dernière : Midaïn Soilihi, délégué syndical CGT Ma et représentant du personnel, peut continuer à exercer dans l’entreprise.
Une partie des salariés de l’usine de production locale de Coca Cola, s’était mise en grève le 27 octobre 2017 pour obtenir des réévaluations de salaires, et des primes d’objectif. Un conflit très dur, qui avait incité la direction à licencier 5 salariés, et à en projeter 3 autres, tous délégués du personnel. Les tensions avaient pris fin lors de la signature d’un protocole d’accord plus de 3 mois plus tard, le 10 février 2018.
Outre les avantages financiers demandés, il entérinait le départ du leader du mouvement, Midaïn Soilihi, le comptable de l’entreprise, par une rupture conventionnelle. Un deal qui avait pour objectif de rétablir le calme chez Mayco, avait invoqué la direction, qui consentait en échange, à réintégrer les 5 salariés licenciés.
Le sacrifice de Midaïn
Mais ce 24 avril, la Direction du Travail (Dieccte) vient d’annuler cette procédure (Lire Décision RC MAYCO – Soilihi Midain). Entre autre argument, l’inspectrice indique que le salarié a pris cette décision sous la crainte de la perte d’emploi pour ses collègues, en clair, qu’il s’est sacrifié : « Au moment où monsieur Soilihi s’est engagé sur le principe de la rupture conventionnelle, ce choix s’est trouvé mis en balance, non seulement avec la perspective de licenciements pour faute lourde pour lui-même et plusieurs autres salariés, mais également dans un contexte d’incertitude sur la pérennité des emplois du site en cas de prolongation de la grève.
« Elle explique que « l’enquête met en évidence que ces faits ont pesé sur sa latitude à consentir librement à une rupture conventionnelle ».
D’autre part, la Délégation unique du personnel (DUP) a été consultée sur le projet de rupture conventionnelle de Midaïn Soilihi au cours d’une réunion qui s’est tenue le 7 mars 2018 et a émis un avis défavorable sur cette mesure. Une réunion qui avait d’ailleurs été reportée sans que le concerné n’en soit averti, souligne la Direction du travail.
Comme il s’y était engagé, Midaïn Soilihi n’exerçait plus chez Mayco depuis la signature du protocole de fin de conflit, bien que percevant toujours un salaire, nous explique le secrétaire départemental de la CGT Ma, Salim Nahouda, « il prenait ses congés ».
Après consultation de ces éléments, l’inspectrice du travail conclut que « L’autorisation de procéder à la rupture conventionnelle du contrat de travail de monsieur SOILIHI MIDAIN est refusée. » IL peut donc être réintégré dans l’entreprise.
Il n’y aura donc eu aucun licenciement à l’issue du conflit.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com