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Mayotte-Réunion, le conte est bon

Annie Grondin et Sully Andoche sont deux conteurs réunionnais. Pendant une semaine, ils ont rencontré des enfants mahorais, mais aussi les Wabafoubous, collectif de conteuses-bibliothécaires, avec lesquelles Annie Grondin a partagé une journée de formation et d'échanges.

Les deux Réunionnais travaillent depuis longtemps ensemble. Passionnés de contes, ils sillonnent l’Océan Indien pour en découvrir les histoires populaires et les coucher sur le papier afin de leur conférer l’immortalité, alors que le bouche à oreilles est de plus en plus menacé par l’urbanisation.
« Je travaille avec Sully depuis de nombreuses années comme conteurs, explique Annie Grondin, notre association Solidarité et Culture à la Réunion a proposé des rencontres d’artistes de l’océan Indien. On n’avait pas à l’époque de collection de livres jeunesse. On voulait voir ce qu’on avait comme répertoire de contes, et on a travaillé avec des conteurs de Madagascar, Maurice, d’Inde et d’Afrique du Sud . Cela nous a permis d’élargir notre corpus de contes et de voir ceux qu’on a en commun, avec leurs variantes. Or, il y a une grande part d’oralité dans ces pays et on n’y passe pas facilement à l’écriture. Le but de cette collection était donc aussi de coucher à l’écrit ces contres en plusieurs langues. »

Annie Grondin et ses contes de l’Océan Indien

Après tous ces pays, les deux passionnés ont décidé de s’attaquer aux contes de l’archipel des Comores. Ils devraient éditer dans le courant de l’année 2018 un recueil d’histoires locales. C’est dans ce contexte de travail sur les contes mahorais que les deux conteurs ont été invités à participer au festival Digressions qui s’est tenu pendant une semaine à Dzoumonié. L’occasion pour les enfants de la commune de découvrir des histoires créoles, malgré la barrière de la langue. 
« On a été obligés d’adapter nos contes au public jeune et peu francophone. Ce qui est magique dans ces contes, c’est de voir des enfants qui ne comprennent pas forcément tout, mais qui entrent dans le conte et qui participent. » Un exercice que la conteuse connaît bien après toutes ces années à voguer d’île en île, et d’histoire en histoire. « La semaine dernière, j’étais à Madagascar avec des gamins en brousse pas du tout francophones, raconte-t-elle. Avec un interprète qui traduisait juste les mots clés, comme les noms d’animaux, les enfants sont entrés dans le conte. »
D’autant que, dit-elle,  « le conte est vivant en soi, il dépasse les siècles. Le conte est universel, quel que soit le pays, on retrouve cette lutte entre le bien et le mal. »
Annie Grondin et Sully Andoche ont su captiver les petits Mahorais

Les deux réunionnais et les Wababoufous partagent une passion commune, et des objectifs complémentaires. Pour les premiers, il s’agit de pérenniser les contes sur le papier pour mieux les faire vivre oralement. « On est dans la transmission plus que dans le spectacle vivant. Il s’agit de perpétuer ces contes. »
Pour les Wababoufous, il s’agit d’utiliser le conte comme outil culturel interactif afin d’amener les Mahorais dans les bibliothèques.  » Le lien oral, écrit, oral est un chassé croisé. Un conte écrit, il faut le remettre en bouche pour qu’il reparte vers les oreilles des gens. En même temps si on ne le met pas par écrit, il va disparaître » conclut Annie Grondin.
Les enfants eux, ne voulaient en tout cas pas disparaître de la salle vendredi. Avec une centaine d’enfants tristes de quitter une bibliothèque, l’on peut considérer l’objectif atteint.

Y.D.

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