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Mayotte reconnue pour ses difficultés mais aussi (enfin), pour ses ambitions

Actions violentes de décasage en septembre 2016, les délogés avaient dormi plusieurs mois dehors
Victimes de « décasage » en septembre 2016

C’est un des acquis de la mobilisation Sécurité que celui d’avoir fait parler du territoire pour ses ambitions, et non seulement pour sa pression migratoire. « Il faut savoir capitaliser ses victoires », avait appelé le député Mansour Kamardine, demandant la levée des barrages se basant justement sur cette reconnaissance des problèmes de Mayotte.

Dernièrement, deux articles illustrent cet écho. Le premier évoque les cruels « décasages » dans Libération, dans un article intitulé « Mayotte, l’île de traqués » : « Ils ont surgi alors qu’Assina dormait à l’étage du lit superposé, dans le «banga» de ses parents. Une case en tôle, sans eau ni électricité, cachée au milieu des bananiers et des plants de manioc, sur les hauteurs de Kani-Kéli, un village de 6.000 habitants dans le sud de Mayotte. «Ils ont jeté des cailloux sur le toit, raconte la lycéenne de 17 ans, encore traumatisée par cette nuit du 25 mars. Puis ils ont cassé la porte avec leur chombo [machette], brisé les deux fenêtres et ils sont entrés, tous cagoulés.» Un traumatisme qui incitera les occupants de la maisonnée à dormir plusieurs nuits dans les bois.

« Des exactions » mises en avant par les Comores pour expliquer leur refus d’accepter les reconduits, tant que leurs ressortissants ne seront pas correctement traités.

Dans l’article de Libé, les habitants expliquent leur exaspération de voir « l’impuissance de «la cinquième puissance du monde à surveiller les côtes d’une petite île comme Mayotte». »

« Des possibilités économiques exceptionnelles »

Thibault Lanxade, inquiet de la situation, assure du soutien du Medef
Thibault Lanxade était venu à Mayotte en juin 2016

Une tribune rejoint ce point de vue, celle de Thibault Lanxade, le vice-président national du Medef, dans la rubrique « Cercle/Point de vue » du quotidien Les Echos. Il était venu à Mayotte et sa critique se résume dans le titre de la chronique, « Mayotte ou la faillite des politiques ultramarines ».

Pour expliquer « l’embrasement prévisible », il reprend lui aussi le terme d’ « exaspération d’une population qui se sent délaissée et oubliée ». Dans le droit fil du rapport de la Cour des Comptes de 2016 sur la Départementalisation de l’île, le fils de l’amiral Lanxade critique un Etat « qui ne s’est pas donné les moyens de la réussir », laissant Mayotte « littéralement submergée » par des vagues de codes juridiques, décrets, et d’immigration.

Il voit pourtant des « possibilités économiques exceptionnelles » : « Les ressources maritimes sont très importantes et des filières d’avenir peuvent être développées dans l’agriculture au travers de l’ylang-ylang (utilisé dans l’industrie du parfum). L’ensemble de la filière du tourisme est également en devenir. Un potentiel qui peut faire de ce territoire, qui jouxte La Réunion, une véritable tête de pont de notre économie dans l’océan Indien ».

Et la dimension sociale n’est pas oubliée, Thibault Lanxade reconnaissant à l’ensemble des outre-mer « une incroyable dimension humaine : une démographie dynamique, des cultures affirmées et diverses, un « savoir vivre ensemble » confirmé, qui font de ces espaces des emblèmes de diversité et de fraternité. »

Un positivisme dont nous n’avons pas l’habitude au point de perdre confiance dans un éventuel développement. Comme la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le vice-président du Medef y voit le résultat de « l’absence d’une véritable ambition politique depuis plus de trente ans ». Que viendrait donc réparer le « Livre bleu », condensé des Assises, qui doit relancer le développement des territoires des outre-mer, ou pour Mayotte, la Plateforme de mesures des Collectif et l’Intersyndicale de Mayotte. Des documents qui doivent absolument « offrir une vision énergique mêlée de reconnaissance et d’actions », si l’Etat ne veut pas pérenniser cette situation d’une « gouvernance centrale devenue trop distante, sans réelle vision globale ».
Nous avons en tout cas des relais solides à Paris sur lesquels s’appuyer, ne nous en privons pas.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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