Nous ne listerons pas le florilège d’internautes qui disent leur ras-le-bol et appellent à se rendre à la table des revendications.
L’un d’entre eux résume l’essentiel, en langage Facebook ou « shitexto » : « Combien de temps on vas vivre comme ça sans circuler librement un droit enlever cest de la barbarie pur.donc on doit vivre avec les ordures qui nous apporte des maladies et les élèves on en fait quoi des futurs délinquants ou chômeurs et nos malades on attend leurs morts. reflechiser un peu cest les barrages mais comme on dit l’union fait la force on a tous pour une fois était mobiliser pour revendiquer nos droits aujourd’hui disons hlmd on nous a entendu maintenant levons les barrages et laissez les gens mettre en œuvre nos demandes »
On apprenait aussi du côté de Sada ce jeudi que le mari d’une enseignante venait de décéder, « l’enterrement avait lieu aujourd’hui à 14h30 au cimetière de Mamoudzou, mais compte tenu des barrages, peu de ses amis ont pu s’y rendre ».
Dans le « règlement intérieur des barrages » institué par « l’Intersyndicale-collectif », on peut lire : « La demande de l’intersyndicale et du collectif : ouverture immédiate des négociations avec des personnes mandatées par le 1er ministre sur la base de la table revendicative. » (Lire règlement intérieur barrage)
Début des négociations samedi
Reste à savoir quand vont débuter ces échanges. Nous avons contacté les leaders, sans avoir toujours le même son de cloche : « Nous sommes conviés samedi matin par la nouvelle mission et le préfet, nous contactons actuellement les élus et le patronat puisque nous avons le même document à défendre », nous précisait Salim Nahouda en insinuant que les barrages pourraient être levés ce samedi.
Ce week-end, c’est aussi Pâques, une des deux fêtes les plus importantes pour les catholiques qui espèrent se rendre à la messe le samedi soir.
En parlant de religion, Nourdine Bacar, le Grand Cadi, et Younoussa Abaine, le directeur de la médiation et de la cohésion sociale du Département, s’expriment pour appeler à la levée des barrages dès ce vendredi dans une Lettre ouverte.
« Mayotte a pris trop de retard »
Ils évoquent des « revendications légitimes et justifiées », rappelant « la violence qui gagne le territoire, des agressions sauvages et gratuites dont la finalité et de détruire la vie d’autrui », et que parmi les victimes des agressions, on compte l’actuel député et un sous-préfet et sa famille. Ils pointent eux-aussi la pression migratoire du doigt, « un peuple ne peut pas être sacrifié au détriment d’un autre sur son propre sol, empêché de faire scolariser ses enfants », etc.
Les deux hommes en appellent au « dialogue avec l’Etat », au « respect des institutions et de la démocratie » : « Mayotte a pris trop de retard, sa jeunesse ne peut être davantage sacrifiée, son économie ébranlée, son essor interrompu.
« En concertation avec les élus, les cadis et les forces vives, nous demandons à la population d’ouvrir les barrages dès ce vendredi », et de « suivre dans la sérénité la poursuite du dialogue avec l’Etat », annoncent-ils, en appelant à la « non violence », et au partage de « moments paisibles » entre « les différentes communautés du territoire, les organisations humanitaires, les associations de droit de l’homme afin de construire ensemble Mayotte de demain dans la cohésion sociale. »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com