L’annonce s’est répandue comme une traînée de poudre dans le petit monde aéroportuaire. Mardi 20 mars, la ministre des transports Elisabeth Borne a inauguré les Assises Nationales du Transport Aérien. S’engagent dès lors 6 mois de consultations et de réflexion. « Il faut une stratégie nationale, explique la ministre, le transport aérien est un des attributs d’une souveraineté, vecteur de liaison entre les pays, expression du savoir-faire d’une nation ».
Cette stratégie nationale commence par un effort de l’Etat.
Dans son discours, la ministre a annoncé une baisse de la taxe aéro-portuaire (TAP). Une mesure qui devrait coûter 50 millions d’Euros à l’Etat.
Payée par le passager dans le prix de son billet d’avion, la TAP est à distinguer de la redevance passager qui est destinée directement aux aéroports. Versée à l’Etat puis redistribuée, sert à financer au sein des aéroports la sûreté aéroportuaire, la sécurité incendie, et dans une moindre mesure, des études environnementales. Des domaines qui ne devraient pas souffrir de cette baisse d’impôts estime Yves Christophe, directeur de l’aéroport de Mayotte. « On ne baisse pas la garde dans ces domaines-là. Soit ça sera payé d’une autre manière, soit on reçoit plus qu’on ne dépense et ils ont revu à la baisse. Mais on ne peut pas baisser le niveau de sûreté ou de sécurité c’est inconcevable. »
Selon lui, si cette baisse d’impôts est bel et bien répercutée sur les billets, ce sera gagnant-gagnant pour tout le monde. « Dès lors que les vols sont moins chers, il y a plus de monde et c’est intéressant. Pour nous, pour les compagnies aériennes, et pour toute l’industrie aéroportuaire. Ce sont des baisses qui ne grèvent pas les marges des compagnies. »
Plutôt une hausse limitée
Cette baisse ne devrait concerner que les compagnies françaises, une manière de leur donner un coup de pouce alors que selon BFM Business, « 42% des passagers en France voyagent sur des compagnies françaises, contre 63% il y a 20 ans. En huit années, la France est passée du cinquième au huitième rang mondial en termes de revenu par passager kilomètre ». Le média économique est toutefois plus prudent sur une éventuelle baisse du prix des billets puisqu’il évoque une baisse « de la majoration prévue ».
« Le gouvernement limitera à 0,9 euro par passager la hausse de la taxe d’aéroport à compter du 1er avril pour aider les compagnies aériennes françaises à améliorer leur compétitivité » confirme le Figaro qui évoque une « hausse plus faible qu’initialement annoncée ainsi que la baisse de cette même taxe sur certains grands aéroports régionaux ».
Si certains billets pourraient donc voir leur coût baisser de quelques centimes selon l’aéroport de départ, on peut notamment imaginer ce scénario pour un décollage de Paris, il est plus probable que vos prochaines réservations vous coûtent un peu plus cher, dans la limite de 90 centimes supplémentaires.
Une « mauvaise nouvelle » pour EWA
Cette augmentation limitée à 90 centimes sera bien effective à l’aéroport de Mayotte, confirme le directeur de la compagnie locale EWA, Ayoub Ingar qui a vérifié les tarifs au 1er avril. Si la hausse aurait pu être plus élevée, il déplore « des taxes qui n’arrêtent pas d’augmenter ». « Je pensais qu’elle voulait baisser, c’est une mauvaise nouvelle sur le plan de la communication, regrette-t-il. Le passager se moque de ce qui est des taxes, il voit juste que son billet est plus cher » poursuit-il.
Ainsi pour un vol de Mayotte vers Madagascar, quel que soit l’aéroport de destination, le total des taxes est de 63,98€ à l’aller et de 70€ au retour. « Ca fait presque 135€ de taxes pour aller vers Mada, quand on fait une promo à 198€, vous voyez ce qu’il nous reste » illustre le patron d’Ewa. « Il est temps de marquer une pause dans les taxes » conclut-il.
Y.D.