« Laissez les gens faire le tour et profitez-en pour faire passer votre message » clament les organisateurs du Tour de Mayotte en fauteuil roulant.
C’est la deuxième année consécutive qu’a lieu cet événement initié l’année dernière par Dr Léo. Ce jeudi matin pour la conférence de presse de lancement, peu de membres étaient présents. Dhoimrati MTrengoueni, membre de l’Adapéi et de l’Union régionale des usagers de la Santé a dû négocier ardemment pour passer les barrages dans le sud et expliquer aux manifestants qui l’empêchaient de passer que leurs combats se rejoignaient.
« Ce combat pour la sécurité et pour le handicap s’additionnent, car à Mayotte, on acquiert aussi le handicap par l’insécurité. C’est un cri de douleur qu’on doit démontrer à nos autorités.
« Ce projet englobe deux actions, explique Combo Ali Debré, vice président du Conseil Départemental et président de la MDPH, la maison du handicap. Il y a le tour de Mayotte en fauteuil et le séminaire. C’est une occasion de se retrouver et de discuter des difficultés que rencontrent les personnes en situation de handicap. Il était important de faire un temps d’arrêt et de voir le chemin parcouru. »
Et les difficultés sont nombreuses, malgré des avancées timides. « Les enfants sont de plus en plus scolarisées poursuit l’élu, mais il existe encore des difficultés sur l’accessibilité, les droits aux aides. On n’a pas tous les dispositifs qui existent en Métropole ou à la Réunion. Par exemple à Mayotte, seul le seuil de handicap supérieur à 80% donne droit à des prestations, et le montant alloué n’est qu’à 50% celui de la métropole. »
L’escalier de la colère au CHM
De plus, un Mahorais qui rentre à Mayotte après une période hors du département doit redéposer une demande à la MDPH, ce qui prend un an. A l’issue de cette année, s’il a un handicap inférieur à 80%, il ne sera pas indemnisé, même s’il l’était en métropole. Le séminaire qui commence doit ainsi servir à « établir des préconisations qui serviront de base de négociations avec Paris ». Une fois ce document rédigé, il sera remis directement à Matignon.
Le but des jours à venir sera aussi de sensibiliser les élus et la population. « Du côté associatif, il nous appartient de sensibiliser pour aller de l’avant reprend Dhoimrati MTrengoueni. L’année dernière, le tour de Mayotte a permis de voir les difficultés d’accès au logement, aux soins, à la scolarité et à l’emploi. Il a donné de la motivation aux associations et aux familles. »
Parmi les non-sens à combattre selon elle, « le lieu au CHM où on fait nos permanences a des escaliers. Donc la personne en situation de handicap a du mal à accéder au lieu de représentation des usagers. »
La particularité de ce séminaire sera de collecter les besoins des premiers intéressés. « Le contenu du séminaire sera riche car ce sont les Mahorais qui porteront leur propre message » poursuit-elle.
Ce sera aussi pour Issa Issa Abdou « un événement important de la mandature ». Il annonce notamment la création d’un badge « pour que les personnes en situation de handicap aient partout un accès prioritaire ». Estimant que l’édition 2016 du Tour avait « donné une impulsion », il précise que cette année, 35 personnes se sont inscrites pour ce tour de l’île en fauteuil roulant. Le départ doit se faire de Petite Terre.
« On compte énormément sur la sensibilité des syndicats et des collectifs, poursuit M. Debré. Notre combat est le leur aussi. »
Espérons que les grévistes entendent cet appel du pied, afin de ne pas inutilement handicaper cette action d’intérêt public en lui mettant des bâtons dans les roues.
Y.D.