Le sujet est vaste, mais l’atelier était mené pour chercher des pistes de réflexion sur une amélioration à proposer dans des domaines qui ne relèvent pas, si possible, du ministère de la Santé. Aux côtés des élus comme Abdou Dahalani, le président du CESEM ou le 1er adjoint au maire de la mairie de Mamoudzou, Bacar Ali Boto, étaient présents le docteur de Montera, des infirmiers et des syndicats de la fonction publique hospitalière.
Des échanges ont découlé 3 directives prioritaires : la continuité territoriale en santé, l’innovation dans la prise en charge et l’attractivité pour les professionnels de santé.
La première est dictée par un constat : « Nous avons de gros problèmes pour garantir le transport aérien des malades vers d’autres hôpitaux », déplorait un soignant. Il a donc été décidé de demander la mise en œuvre de l’obligation de service public pour le transport aérien, et de signer une convention entre le Centre hospitalier de Mayotte et le CHU de La Réunion, ainsi que des hôpitaux en métropole. Et enfin, de proposer un passeport mobilité en santé.
Un Data center local
En matière de prise en charge, les innovations ont concerné un point sur lequel tout le monde semble d’accord à Mayotte, « la mise en œuvre d’une gouvernance locale de la santé par la création d’une Agence régionale de Santé dédiée à Mayotte comme c’est le cas dans les autres DOM ». D’autres pistes sont explorées parallèlement, comme la mise en œuvre d’une coopération régionale transfrontalière « qui pose le problème de la place de Mayotte au sein d’une institution dont elle n’est toujours pas membre, la COI, la Commission de l’Océan Indien.
Proposition inédite, les participants à l’atelier ont appelé à la mise en place d’un DATA Center* hébergé sur l’île, qui assurerait le lien entre l’ensemble des établissements de santé, ce qui n’est donc pas encore le cas.
Solidarité médicale
En terme d’attractivité, pas de secret, les mesures proposés dépendent totalement du ministère de la santé et de la politique que le gouvernement voudra mettre en place à Mayotte, avec la demande habituelle d’application de la CMU-C** et de l’AME**. Mais en visant également plus haut avec la transposition à Mayotte du Contrat de solidarité territoriale médecin qui doit inciter les médecins n’exerçant pas dans une zone sous dotée à consacrer une partie de leur activité libérale pour apporter leur aide à leurs confrères exerçant dans ces zones.
D’autres propositions ont été notées en marge de ces 3 axes : le renforcement des PMI, ou de centres capables d’accueillir les urgences (décentralisation urgences), la construction d’un 2ème hôpital à Mayotte en rapport avec le développement démographique, et pour casser l’attractivité régionale sur le CHM, pourvoyeuse de pression migratoire, le placement de l’hôpital en zone internationale, reprenant la préconisation du président Macron en Guyane qui émettait l’idée d’un « système d’exception » pour les enfants nés de parents étrangers.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Un data center ou centre de données, est un site physique regroupant des installations informatiques (serveurs, routeurs, commutateurs, disques durs…) chargées de stocker et de distribuer des données (data en anglais) à travers un réseau interne ou via un accès Internet
** CMU-C : Prise en charge gratuite de la part complémentaire des dépenses de santé (y compris à l’hôpital)
AME, Aide médicale d’Etat : dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins