Lors de la séance publique de questions à l’Assemblée nationale ce mardi matin, la députée Ramlati Ali a interpellé Elisabeth Borne, la ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports, sur le recul de la position de l’Etat en matière de piste longue, pourtant inscrite à la Convention de développement pour Mayotte sur la période 2003-2007.
La députée Mahoraise en rappelait les enjeux : la piste actuelle ne permet pas de mettre en place de liaisons directes fiables à 100%, et les Boeing 787 Dreamliner de la compagnie Air Austral ne peuvent assurer cette ambition « par tous les temps ». La piste trop courte les empêchant de décoller avec le plein de carburant par mauvaise météo, un arrêt technique est le plus souvent nécessaire à Nairobi.
Secondo, la situation actuelle « renforce l’idée de maintenir le monopole de la compagnie réunionnaise, or, si nous voulons garantir le développement de Mayotte, il est essentiel de disposer d’un hub capable de recevoir les dizaines de compagnies qui desservent les autres aéroports de la grande région Océan indien », complète la députée.
180m mais toujours pas 2.600m…
Qui déplore que, ni le Contrat de projet Etat-région, ni les fonds européens ne reprennent la décision d’allongement de la piste, pourtant retenue à l’issue de la Commission du débat public « qui avait permis de retenir le scénario d’une piste convergente de 2.600 mètres, au coût moins élevé et qui tenait compte des contraintes et exigences environnementales. »
Les exigences européennes, elles, dont l’application a été opportunément reportée d’un an, au 31 décembre 2018, imposent d’implanter à chaque extrémité de la piste des lits d’arrêt d’urgence pour les appareils. La piste serait ainsi rognée de 90m de chaque côté. Ou rallongée, si une décision politique est prise dans ce sens.
« Madame la Ministre, à l’heure où nos territoires mènent une réflexion globale pour leur développement à travers les Assises de l’Outremer, pouvez-vous dire aux Mahorais où en est le projet de piste longue qui, de part ces enjeux, mérite d’être inscrit parmi les projets stratégiques d’intérêt national du quinquennat », interroge Ramlati Ali.
Le rallongement jugé aux Assises
La réponse est venue de la bouche de Sébastien Lecornu, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre d’Etat de la transition écologique et solidaire, qui annonce que « 13 millions d’euros vont être investis dans la création d’une solution innovante de lits d’arrêts d’urgence pour respecter les normes européennes qui entreront en vigueur au 31 décembre 2018. » Un appel d’offre a été lancé.
En écho du discours de la ministre qui précise bien qu’il ne s’agit pas d’une « réduction de la longueur de piste disponible » , il s’agit bien de « rajouter 90m de chaque côté de la piste », précise au téléphone Ramlati Ali au JDM, et non de rogner l’existant ce qui aurait pour conséquence d’obérer tout atterrissage de gros porteurs à Mayotte.
Une réponse nécessaire mais non suffisante à la garantie de l’ouverture de notre ciel à la concurrence que traduirait l’allongement de la piste. Les Assises de l’outre-mer seraient l’opportunité pour appuyer cette demande pour M. Lecornu. On peut en douter après l’échec de la Commission de débat public. Surtout lorsqu’on écoute la fin de la réponse ministérielle qui évoque « une répercussion catastrophique qu’une nouvelle piste aurait sur le fragile écosystème du lagon de Mayotte, et notamment sur ses dugongs »…
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com