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Mamoudzou

Aux 4 coins de l’île, des murs révèlent l’Histoire régionale de Mayotte

Jean-Marc Lacaze et Leïla Quillacq et au fond, Mégot dans ses œuvres
Jean-Marc Lacaze et Leïla Quillacq et au fond, Mégot dans ses œuvres

Tout part d’un appel à projet de la Direction de la culture, remporté par l’association Réunionnaise Cheminement qui œuvre depuis 2000 à l’accompagnement d’artistes visuels à La Réunion. Elle monte le projet « Woya Shi Havi (« Tu viens d’où ? ») porté en partenariat avec la Maison des Arts de Dembéni/SIAC de Mayotte.

« Nous sommes partis des origines de Mayotte, en faisant vivre les découvertes archéologiques, notamment celle du collier de perles en cornaline, béryl, agate coquillages et pâte de verre colorée du XIIème siècle. C’est un symbole des échanges commerciaux qui ont contribué à l’essor de l’océan Indien à cette époque », explique Jean-Marc Lacaze, artiste plasticien.

Il n’est pas spécialement versé dans le street art, mais confronté à la réalité de Mayotte et à un des spécialistes du genre, Papajan, il va adopter ce média, « ça coulait de source ».

Pour illustrer cette période commerciales faites de navigation maritime, il prend sa boussole et emmène sa troupe aux 4 coins cardinaux de l’île : Mégot, artiste réunionnais, Papajan qu’on ne présente plus, et Leïla Quillacq, Chargée du projet.

Shâpûr II chassant les lions

Papajan répond aux questions des jeunes interloqués
Papajan répond aux questions des jeunes interloqués

Il fallait encore trouver des communes qui se portent volontaires pour ce genre de projet, pas facile, mais ils bouclent leur rose des vents artistiques. Au nord, pour illustrer le thème du commerce maritime, plusieurs tableaux historiques recouvrent peu à peu les murs, pas totalement, en éclaté, comme une sorte de vieux livre écorné dont on tournerait les pages à l’infini : « Nous avons choisi d’illustrer les pages d’Histoire sous forme de fragmentation, comme si l’enduit avait cassé par endroit, révélant que d’autres découvertes et d’autres histoires sont à venir », décrypte Jean-Marc Lacaze.

Aux jeunes, Papajan explique la fresque du navire marchand manœuvré par des esclaves, transportant les riches marchands Perses, alors qu’un peu plus loin, un magnifique Shâpûr II s’avance pour chasser les lions.

Les premières à avoir été réalisées sont les fresques de Dembéni, à Iloni, pour l’Est, épousant le thème de l’Inde et de l’Asie à travers les Austronésiens, puis celles de l’ouest à Chiconi, sur l’Afrique du sud et de l’Est, et enfin Chirongui au sud, évoquera les apports malgaches.

Faire le mur à La Réunion

Le navire marchand
Le navire marchand

Beaucoup de rencontres ont été nécessaires en amont, « avec les archéologues comme Martial Pauly et Michael Rakotozonia », mais aussi avec la population, pour que chacun s’approprie le projet : « Plusieurs médiations ont été organisées depuis 6 mois, non sans grande difficultés, avec les communes volontaires et les jeunes des quartiers. Notamment, avec le personnel de la MJC et les élèves du collège de Dembéni et leur professeur Baba M’Baye qui nous ont aidé à peindre, avec le personnel de la bibliothèque de Chiconi, les commerçants, les élèves des écoles maternelle et primaire, ou avec la direction du Lycée Professionnel, le personnel et les élèves du collège de Dzoumogné notamment via le professeur d’arts plastiques, Fabrice Bourriquen qui s’engage à faire participer ses élèves de 3ème pour intervenir en motifs inspirés des zelliges et des moucharabiés au pochoir sur les poteaux verts du mur », explique Leïla Quillacq.

Autre mairie réactive, celle de Chirongui, qui a engagé un groupe du « comité des jeunes » à aller à la rencontre des artistes.

L’objectif final du projet serait de réaliser un 5ème mur avec ces 3 mêmes artistes au centre de La Réunion, dont une partie de la population est originaire de Mayotte et des Comores, synthétisant l’ensemble des recherches artistiques réalisées au cours de ce projet : « Pour l’instant, c’est en cours de construction, nous espérons obtenir les financements espérés pour cela en 2018 », conclut Leïla Quillacq.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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