Sept représentants du Collectif des associations de Mayotte, mouvement dont les revendications sont axées sur la lutte contre l’immigration, avaient convié la presse le lundi midi pour exprimer leur colère, un sentiment de « mépris » selon eux. » Dernièrement, nous nous sommes entretenus avec le préfet (en fait, le sous-préfet Etienne Guillet NDLR) pour évoquer les Assises de l’Outre-mer. Il était convenu que nos revendications entrent dans le cadre de ces Assises. Or nous avons reçu par des amis une invitation à une réunion ce mardi, à laquelle nous n’avons pas été conviés par le préfet, alors que l’on représente la société civile » explique Safina, porte parole du mouvement. Elle explique avoir écrit à la préfecture, sans recevoir de réponse.
Partant de cette frustration, le collectif dénonce « la méthode » de ces assises. « On dénonce l’opacité de l’information. Il n’y a pas de communication sur les ateliers qui sont en cours afin d’y participer. Au lieu de faire des ateliers avec toujours les mêmes personnes, il faudrait, comme on est dans une société orale, aller sur le terrain rencontrer la population, et transformer ce qu’elle dit en politiques publiques. On veut des Assises démocratiques et étalées. C’est comme pour la feuille de route, les choses se font à huis-clos. »
Safina regrette que les sept associations représentées par le Collectif n’aient « pas été conviées » à participer à ces ateliers, notamment celui portant sur la sécurité et l’immigration. « Chacune de ces associations aurait pu participer et soumettre un certain nombre de propositions sur l’immigration devenue source de conflits dans le pays. Il faut qu’on respecte les Mahorais en tant que tel, poursuit la porte-parole. »
« C’est l’étranger en situation irrégulière qui est le roi ici », dérape un de ses compagnons de réunion, s’éloignant du sujet. « Il y a une hypocrisie qui vise à nous rendre méchants et xénophobes » rebondit Safina.
Sur la méthode encore, son voisin SOufiani déplore l’usage de l’outil internet. « On nous y demande de classer les priorités, or, tout est une priorité ici. Ensuite à Mayotte tout le monde n’a pas Internet. Ma grand-mère, comment peut-elle s’exprimer ? Il faut s’adapter à la réalité locale si on veut l’avis de la population mahoraise. »
Le Collectif a bien été convié, et des réunions publiques sont bien prévues
Du côté de la préfecture largement mise en cause par le collectif, aucun des arguments sus-mentionnés ne tient la route. « Quand je les ai reçus, je les ai invités à se saisir de ces assises, et non invités à telle ou telle réunion, recadre le sous-préfet Etienne Guillet. On a toutefois reçu des mails qui nous font part de propositions et d’informations. Ils (le collectif NDLR) nous ont envoyé un mail jeudi faisant part de leur intention de participer à l’atelier numéro 6 sur la sécurité et l’immigration. Nous avons répondu ce lundi matin en les conviant à cet atelier. Ils sont donc bien conviés puisqu’ils l’ont demandé, et que le but est qu’il y ait un maximum de gens qui participent. Le collectif connaissait donc bien la possibilité de joindre les assises par e-mail puisqu’il y a écrit. Ce moyen de contact permet d’émettre des propositions précises, là où en effet le site ne permet que de répondre à un questionnaire.
D’ailleurs, le faible taux supposé d’accès à internet à Mayotte n’est pas tant un frein que cela, puisque le département a pendant plusieurs semaines été le premier en termes de participation par courriel aux assises. A l’heure actuelle, plus de 1100 contributions¹ ont été reçues, essentiellement sur le site. Toutefois, l’Etat avait anticipé la difficulté de connexion pour une partie de la population. « Prochainement il y aura donc des réunions publiques sur tout le territoire de Mayotte. Pas dans chaque commune, mais dans chaque intercommunalité, à compter de mi-décembre, poursuit Etienne Guillet. Il y a vraiment une volonté d’ouvrir ces Assises à l’ensemble de la société civile. On avait bien noté cette problématique d’Internet », conclut-il avant de se défendre sèchement de toute forme de mépris. « Je ne vois pas pourquoi il y en aurait. »
Concernant les réunions publiques, 10 sont prévues, dont la moitié sont consacrées à la jeunesse.
Afin de démentir toute opacité, la préfecture a communiqué sur les préoccupations émises via l’outil numérique. « La spécificité locale est claire dans les réponses. L’état des routes ressort largement en ce qui concerne la problématique de l’aménagement. Concernant l’environnement, ce sont les déchets qui sont le plus évoqués. C’est très différent ces réponses que l’on aurait eues en métropole. Cela constitue de vrais indicateurs probants et démontrés de la réalité du terrain. »
Enfin concernant les ateliers, leur nombre est limité à une vingtaine de personnes. « Les participants sont choisis, mais ça reste ouvert, on peut candidater pour participer » conclut le sous-préfet.
¹ : 42 réunions publiques ont réuni 494 participants depuis le 1er septembre. 1160 Mahorais ont répondu au questionnaire en ligne, et 44 ont envoyé des courriels.
Y.D.