Les armes, casques et autres lances et incendies rencontrent toujours un succès garanti lors des Rencontres de la Sécurité. Mais cette journée nationale est aussi l’occasion de rencontrer ceux qui œuvrent à la prévention, à tous les échelons, pour éviter d’en arriver à la réponse judiciaire.
C’est le cas notamment du FIPDR, le Fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation. Depuis les locaux de la préfecture, cet outil permet de financer ou co-financer des actions en partenariat avec les collectivités locales, le Vice-rectorat, la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et les associations.
Sur les 270 000€ de budget alloués à ce fonds en 2017, 72% sont consacrés à la prévention de la délinquance juvénile, et 28% à la prévention des violences faites aux femmes. « On va chercher les jeunes en difficulté, explique Leila Costagliola, en charge du FIPDR à la préfecture de Mayotte. L’idée, c’est d’intervenir dès les premiers signaux : absentéisme, incivilités, et ne pas attendre qu’ils soient en échec scolaire. Le but ensuite est d’inscrire le jeune dans un parcours éducatif pour leur proposer un panel d’activités pour les re-socialiser et sensibiliser leurs parents.
Parmi les outils mis en oeuvre figurent les Conseils locaux de prévention de la délinquance. Obligatoires au niveau national pour les communes de plus de 10 000 habitants, ces réunions de sécurité permettent aux polices municipales d’échanger avec la gendarmerie.
« Ils évoquent les faits marquants de la commune, identifient les fauteurs de trouble et organisent des rencontres avec leurs parents. Enfin ils mettent en oeuvre des outils comme des arrêtés de couvre-feu ou des procédures de rappel à l’ordre ».
Il ne s’agit donc pas de répression, mais bien de prise en charge des jeunes avant la commission d’un délit éventuel. Pour cela, l’appui des policiers municipaux est incontournable. Là où les jeunes contrôlés peuvent mentir aux gendarmes sur leur nom ou leur domicile, les municipaux connaissent les habitants, et leurs compétences de proximité permettent de rendre plus efficace le travail de prévention.
Le FIDPR interviendra aussi samedi prochain avec l’Union Départementale des associations familiales (UDAF) pour la première journée de prévention de la radicalisation et de la violence. Il s’agira de sensibiliser les parents aux premiers signaux « de ce qui peut être une entrée dans la radicalisation ». Une préoccupation nationale qui, bien qu’anecdotique à Mayotte, a sa place au sein du dispositif préventif financé par l’Etat. Un financement qui pose d’ailleurs question. En un an, le budget du FIDPR Mayotte a été amputé de 80 000€, faisant passer ses actions d’une cinquantaine l’an dernier à 33 en 2017.
Le BSMA, école de la seconde chance
Autre cadre, autres outils. Le Bataillon du service militaire adapté (BSMA) de Mayotte a lui aussi une vocation éminemment préventive. Face au décrochage scolaire, au désoeuvrement ou au manque de repère, ce service de l’armée oppose la rigueur, les règles et de grandes chances d’embauche aux stagiaires motivés.
» On a essentiellement des jeunes issus de milieux défavorisés, en échec scolaire, voire qui n’ont jamais été à l’école, explique l’adjudant Nicolas, chef de section BTP au BSMA. On leur apporte un niveau scolaire pour qu’ils puissent passer le CFG (niveau 3ème), et à la fin ils ont la possibilité de passer le permis de conduire gratuitement. On leur donne la rigueur, ils apportent la volonté. Se lever à 4h30, manger à heure fixe, devoir sa raser, certains ne s’attendent pas à ça. Pour cela, le premier mois est consacré à la formation militaire initiale : réveil, tenue, présentation, respect, hygiène. Ils apprennent aussi à remplir quelques documents administratifs. A la fin de leur formation, on les suit encore pendant 6 mois. Les patrons sont friands de ces jeunes rigoureux, à l’heure, présents. »
Selon le formateur, 90% des stagiaires du SMA trouvent un emploi à l’issue de leur formation. La qualité des apprentissages est telle que certains employeurs qui jouent le jeu en prenant des jeunes en stage se tournent vers le SMA quand ils ont besoin de recruter.
C’est ce qui a amené Soundoussia, 18 ans, à venir se renseigner. Après son bac, elle aimerait intégrer le SMA pour une formation de cuisinier. « Pour être formée, apprendre à m’habiller correctement en me sentant en sécurité ».
Derrière elle, Bouina-Hamada, 23 ans, salue les militaires, sac kaki sur le dos. Lui a rejoint le BSMA il y a 2 ans et demi, après avoir interrompu un BTS en métropole. Là, il a pu poursuivre sa formation de mécanicien auto, élargie aux poids-lourds et engins de chantier, et il a décroché un contrat de travail au BSMA. Un contrat d’une durée maximale de 5 ans, suffisant pour le mettre sur les rails. « Là, j’achète des premiers outils pour m’entraîner, quand je sortirai du SMA, j’ouvrirai ma boîte, sourit-il. Aujourd’hui je me sens bien. »
Egalement en pointe dans la lutte contre le désœuvrement, le service civique, présenté au stand de la DJSCS.